La presse a encensé Just for Show. Je m'en veux d'avoir gobé son boniment.
Voilà un spectacle qui porte bien son nom.
Le placement devait être libre ; en vérité, pour une question de visibilité, les spectateurs devaient s'entasser sur les sièges du milieu afin de bien voir toutes les lumières projetées dans la boîte à merveilles installée sur scène. Le spectacle commençait bien, trop bien : un beau jeu de mailles typographiques habillant la scène et les corps.
L'objet de la pièce est une satire du monde du spectacle, qui est aussi celui de nos vies. Le saviez-vous ? nous vivons dans un monde d'hypocrisie et d'apparences ! C'est la découverte extraordinaire de Lloyd Newson, qui a ressenti l'impérieux besoin de nous la faire partager. Hélas, cet aimable chorégraphe devrait savoir que le public, comme un grand, a depuis longtemps percé ce mystère, et que la danse lui a depuis longtemps réglé son compte.
Rien à craindre, du reste, dans cette énième critique des faux-semblants. Pour que son spectacle puisse tourner partout dans le monde, Lloyd Newson a convoqué les images universelles du glamour commercial, des icônes de la machine à rêves : Elvis Presley, Audrey Hepburn, l'attirail kitsch des années 1950. D'où l'on conclut raisonnablement que le mal dépeint appartient à un âge révolu qui ne nous concerne pas. Nous pouvons dormir tranquilles.
Comme un malheur n'arrive jamais seul, Lloyd Newson s'est laissé prendre à son propre piège. Son spectacle est un spectacle, et rien que cela. Vous avez cru qu'il voulait nous dire quelque chose, mais non, c'était une apparence ! Délicieux.
Lloyd Newson a réussi le spectacle parfait, parfaitement inoffensif que le petit bourgeois peut aller voir sans peur en famille. Tout y est parfait, les costumes, l'éclairage, la vidéo, l'humour, le goût, les fleurs, le parfum, les danseurs, les muscles, la danse (moderne et insignifiante), et la musique est parfaitement comme il faut ; rien qui surprenne, rien qui dérange ; jamais aussi je n'ai vu un public rire et applaudir aussi parfaitement. Dans une heure il aura tout oublié, et sera prêt pour avaler un autre bonbon rose.
♥♥♥♥♥♥ Just for Show, à ne (pas) voir au Théâtre de la ville jusqu'au 29 octobre.
On peut se contenter du trailer, tout aussi insignifiant, visible sur le site de la compagnie DV8.