Autant le dire tout de suite : Sinfonia eroica m'a grandement déçu. Où trouver de l'héroïsme dans cette enfilade de gamineries d'adolescents sans cervelle ? Je l'ai désespérément cherché. Si héroïsme il y a, c'est (je suis méchant) dans le courage de la chorégraphe à se mesurer à ce monstre d'énergie passionnée qu'est la Sinfonia eroica de Beethoven. Rappelons que Beethoven la composa entre 32 et 34 ans, et qu'il pensait la dédier à Napoléon, avant de se rendre compte que le premier empereur des Français n'était pas le héros qu'il voulait célébrer. La chorégraphie de Michèle-Anne de Mey, elle, flirte plutôt avec la pastorale rococo. Le décalage entre les deux est grand, et me déconcerte.
Quelques détails, qui semblent tout droit sortis des pires conventions de l'opéra romantique, m'agacent au plus haut point. Les danseurs font semblant de discuter, à la manière des figurants d'opéra. Les filles rient bêtement aux minauderies des garçons, et ces derniers sont évidemment tous entreprenants et séducteurs. Quelle pauvreté, quelle mièvrerie !
A cela s'ajoute, comme pour faire bonne mesure, la panoplie des gimmicks éculés de la danse contemporaine : l'intrus incongru - ici une tyrolienne ; les coulisses sur scène - les danseurs se changent en partie sur le plateau, boivent en public leur bouteille de Contrex ou d'Evian, coupent et remettent la musique eux-mêmes ; les apartés prétendument comiques et décalés (partie de tennis avec une pelle à poussière - il y a pourtant des gens que cela fait rire), mais à coup sûr gratuits ; on coupe le sifflet à Beethoven pour imposer au spectateur un lourd silence - voilà la touche radicale du contemporain ; et puis trois mesures de Jimi Hendrix - pourquoi pas ? Et, pour finir, un assortiment de seaux à la Pina Bausch. Sans doute, dans tout ces poncifs inutiles, y avait-il de la nouveauté en 1990... Michèle-Anne de Mey aurait été bien inspirée de s'en débarrasser.
A ce point d'irritation, plus rien ne trouvait grâce à mes yeux, et j'ai trouvé encore que les neuf danseurs, tous très jeunes, manquaient parfois de synchronisation, mais surtout, c'est un comble, d'énergie.
De la difficulté de se confronter à un monstre sacré...
Un avis contraire sur Mouvement, qui me laisse pantois.
♥♥♥♥♥♥ La Sinfonia eroica de Michèle-Anne de Mey a été donnée au Théâtre de la ville du 11 au 14 octobre 2006.