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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 23:36

Emile_Bernard_Nymphes.jpg

Emile Bernard, Après le bain, trois nymphes, 1908

 

Le mou. Quel meilleur concept pour aborder la vision traditionnelle de la femme. Rien que pour cela, il fallait que j’aille voir La Molle, au fin fond de L’Île-Saint-Denis, centre culturel Jean-Vilar, rue Lénine, où les présentoirs s’arrêtent aux programmes culturels 2008 (qu’on ne se méprenne pas. L’Île-Saint-Denis c’est très beau la nuit et l’ambiance au centre est sympathique).
Le mou résume une bonne part des angoisses masculines vis-à-vis de la femme : mou tentation et menace ; mou fardeau déliquescent, qui tombe et qui meurt. Contre le dur vif et aérien, principe masculin, la femme terrestre, naturellement molle, c’est-à-dire informe, changeante, insaisissable, déborde pour l’envelopper, l’étouffer, le perdre. Cela fait, la femme en travail produit son semblable, un pâton nommé bébé, que l’éducation doit par après modeler et cuire pour en faire un être accompli, libéré d’elle. Incontestablement, le pouvoir magique de la femme dépasse celui du Dieu mâle, qui ne sait faire l’homme que de terre inerte, tandis que la femme pétrit en elle une pâte toute vivante.


L’approche de la cie L’Essoreuse, cependant, n’est pas aussi directe, et s’arrête au seuil du sauvage et de l’étrange (regret). Peut-être parce que son but était avant tout de célébrer le labeur et la communauté des femmes, à quelque jours de la journée qui leur est consacrée, et de partager son travail avec un public local, moins averti que celui des salles dédiées à la création contemporaine.
 
Une surprise d’ailleurs : les danseuses de la compagnie sont loin de pâtons rubéniens. On lit dans leur corps le travail de la société occidentale. Les femmes contemporaines sont devenues dures. Seule sur scène, une femme n’a pas perdu son embonpoint, et c’est elle qui prépare la pâte. C’est aussi la seule, de cinq femmes, qui ne danse pas. Comme si les autres dansaient une histoire de la femme désormais derrière elles, un mémorandum. Elles accomplissent un mystérieux rituel païen, bientôt sensualisé par un Lied de Schubert. Elles jouent une scène domestique mythifiée. Tables de bois, draps qui sèchent, eau qui dégoutte, gazouillis et robes à fleurs forment un imaginaire intime et collectif disparu de nos machines à vivre, où l’électricité et l’engrenage ont soulagé la femme d’une part des tâches ménagères.
Reste la pâte, métaphore de la chair collante, du placenta tiré par un fil ; la farine, comme un discret clin d’oeil au butô, mais ramenée à sa fonction purement utilitaire ; le linge, ménager ou corporel, sous lequel la pâte palpite ou repose, l’espace d’un somme ou de l'éternité. Peu à peu le fantasme gagne, les femmes s’égayent en grenouilles ou font la vache. Jusque-là hiératique, le geste s’emballe à se déchaîner, subrepticement rebelle à la maternité. De l’hystérie à la bacchanale boulangère, il monte des envies de meurtre dont le pâton sort déchiqueté ; mais tout finit gentiment remballé. Les hommes n’en sauront rien.

 

♥♥♥ La Molle, de la compagnie L'Essoreuse, a été donné au centre culturel Jean-Vilar de L'Île-Saint-Denis le 3 mars 2012.

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7 juillet 2011 4 07 /07 /juillet /2011 23:52

Julie Andrée T., Rouge, 04 mai 2011, n° 0099

 

Si l’expression n’en était galvaudée, je dirais que Rouge est un théâtre de l’absurde. De l’obsession, de la monomanie, de l’impuissance, sur fond d’un tomb(er)eau d’objets aussi quotidiens et plus ou moins utiles, que tout à fait incongrus lorsqu’ils se trouvent unis sous la même livrée. Seule sur le plateau, Julie Andrée T. creuse jusqu’à l’os le sillon du néant. Le corps s’amuse, se malmène, se caricature dans le burlesque et l’autodérision.

 

Julie Andrée T., Rouge, 04 mai 2011, n° 9944

 

Une heure durant, elle ne répétera qu’une seule et même leçon : “what color is this ? It’s red”. D’abord sur le ton professoral des trissotins du marketing, avant qu’elle ne le téléphone et ne le beugle. Un rien ronde, un je ne sais quoi de boudeur et de renfrogné dans la mine, d’implicite dégoût, elle vient faire vanité ; la présence d’un squelette en plastique le signale à ceux qui ne l’auraient pas compris.

 

Rouge comme le désir et le sang, bien sûr : Rouge porte sur Eros et Thanatos un regard lourdement appuyé. Rouge, une liqueur ambiguë s’écoule, gicle, dégouline. On pouvait craindre qu’à l’instar de Jan Fabre et de son Histoire des larmes, Julie Andrée T. ramasse laborieusement tout ce que le sujet pouvait lui inspirer. Mais elle compose un tout parfaitement cohérent, qui, contrairement à une critique fielleuse du Figaro, ne manque pas de subtilité. Vide, blanc, virginal, le plateau s’achemine inexorablement vers le trop-plein rouge maculé. Rouge la culotte à froufrous, mais les cuissardes resteront blanches et le corps se scarifiera de noir et de bleu - après le rituel performatif post-moderne, le rituel archaïque. Julie Andrée T. retient une part de son mystère.

 

Julie Andrée T., Rouge, 04 mai 2011, n° 0117

 

Au total, une performance classique sur un thème rebattu, aux débordements sagement mesurés, mais une lisibilité appréciable et une présence scénique incontestable.

 

♥♥♥♥♥♥ Rouge, de Julie Andrée T., a été donné au théâtre de la Bastille du 5 au 10 mai 2011

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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 22:28

Devinées nues six danseuses croisent des chromosomes de néons suspendus. Bruits d’ambiance urbaine, pas dans des couloirs, sonneries de téléphone. Dans un corridor transludescent, des promesses de corps. Vont-ils crever l’écran ? Les formes se précisent se matérialisent. Le coup du silence... Puis chacune à son tour expose un solo, sobrement annoncé par un titrage vidéo. Ce sont des études autour d’états ou de mouvements de l’âme ou du corps : notes.

1. Finger Snap
De dos
délicatesses de pieds
étude
sans musique
celle qui est nue et celle qui ne l’est pas, comme un double
elle aboie
défi, pirouette

2. Empty Hands
désarticulée plutôt
comme si les mains ne tenaient pas le corps
vides du corps alors
tient à peine debout
forme de …lité
répétitif rythme de transe entêté
puis les 6 à l’unisson
la soliste comme meneuse
elle sourit par moments

3. Am I big ?
Respirations micro
creusement du ventre
prostrée poses
de la danse classique
“Breath with me”
“I like silence”
plus japonais, français
différent des deux premiers : petite histoire sur musique triste
“I am working for diamonds”
“Je suis a horse”
“Je suis rien”

4. Untitled (Spinning)
Flashes extrêmes
très grande, celle qui semble la plus athlétique
contre-jour danse énergique
tournant spirale
dans un sens puis l’autre sans répit
(toutes dévisageant le public,
faisant front)
puis repartant son souffle repris
suspension au propre et au figuré
dans la lumière intense jusqu’à l’épuisement
la vêtue : policée spectatrice

5. Photograph
2 assises dans un fauteuil
cuisses de côté,
ouverture latente
tension soutenue par la musique
la lumière monte
elles nous regardent, un face à face
long face à face
sur fond des bruits urbains du début
plus le temps passe plus on attend quelque chose de fort
bougent imperceptiblement
glissent
s’écoulent comme montres molles
la musique souligne : espace
jusqu’à la chute
la vêtue danse puis se dénude

6. At the End
acoustique percussions
frémissement du tango
tremblement de la main droite
musique de transe qu’elle semble vouloir contrarier
doigts en banderilles
martèlement sur la pointe des pieds
transe à l’unisson

Des solos à l’évidence très personnels, libres, même s’ils se ressemblent au fond, à l’exception du 3 et du 5, au contenu plus narratif, au déroulement linéaire, tandis que les autres sont circulaires ou spiralés. Le 3e tranche fort sur le reste par son histoire de ballerine anorexique qui parle - parenthèse dramatique qui maintient l’attention et le suspens.

Une seule danseuse reste vêtue jusqu’à devenir elle-même soliste “At the End”. Spectatrice, elle joue le rôle de coryphée. Elle unit la pièce et en suggère une lecture transversale, politique. Elle pourrait symboliser tantôt l’individu prisonnier du carcan social, contemplant son âme débordante et déchaînée, tantôt le public. Quand elle se dévêt à son tour, c’est comme un défi, une invitation à la liberté adressée au spectateur.

Epiphanie du nu, dis-je, ou hymne à la joie. Les interprètes sont nues simplement, sans honte ni provoc, sans autre justification que leur jouissance et la nôtre, que l’expérience de la joie et de la beauté charnelles, de la vie. Un exercice de jubilation partagée, entre les danseuses, entre danseuses et public. Et invitation à se joindre au mouvement, dans une société où le nu continue d’être pourchassé, dans l’espace public, comme une bête perverse et malfaisante. Interdit d’être nu en France, même à la plage, même à la piscine (au 19e siècle, supposément puritain, on se baignait encore nu dans la Seine. C’est à peine concevable) ! Toujours interdit le nu s’il n’est peint par Cranach, ou s’il ne sert à vendre des savonnettes ! Les danseuses de Who Too, elles, s’imposent en chair et en os ; leur détermination sereine nous interpelle. Des sortes de Carmen du quotidien.

La forme frappe par sa simplesse, à peine contrariée par quelques perturbations, des passages de l’individuel au collectif. Il s’agit de danse dansée, d’un retour aux fondamentaux. Un de plus qui semble confirmer que le bel épisode de la Tanztheater, aujourd’hui un peu usé, est en passe d’être clos. Jeune compagnie néerlandaise, United-C fait prendre un sérieux coup de vieux aux fleurons, eux aussi fatigués, de la danse flamande. Les uns restent surprogrammés au théâtre de la Ville et celle-ci, qui n’en est pourtant plus à son coup d’essai, est encore inconnue en France. Gageons qu’elle ne le restera pas longtemps, et qu’elle nous surprendra encore.

♥♥♥ Who Too, de la compagnie United-C, a été donné à la Panopée de Vanves le 17 mars 2011 dans le cadre du festival Artdanthé.

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14 janvier 2011 5 14 /01 /janvier /2011 12:38

Mathilde Monnier, Soapéra, 16-11-2010, n° 8262_1

 

Pour ce premier contact avec le travail de Mathilde Monnier, le drôle est que j'ai tout de suite pensé au Cornucopiae de Régine Chopinot. Je n'ai absolument aucune idée si les deux chorégraphes peuvent avoir quelque chose en commun, mais ces deux pièces-là, si. Pour moi, c'en était troublant : la même atmosphère post-apocalyptique, le même petit groupe humain survivant en univers hostile, les mêmes combinaisons couvrant les corps, et peut-être, le même effet de dramatisation.

Mathilde Monnier, Soapéra, 16-11-2010, n° 8383

 

Pourtant, l'intention n'était pas d'écrire une histoire, mais de travailler en collaboration avec une artiste plasticienne, Dominique Figarella. Le gimmick, ici, c'est la mousse. Forcément, on sait qu'il va y en avoir, on est un peu curieux de voir ce que ça donne. Ce que ça donne, du point de vue du spectateur, c'est la sensation d'un territoire inconnu, de l’après. Chaotique, mouvant, sans repères fixes, dont l’apparence neigeuse va puiser en nous des fantasmes enfouis de Guerre froide. Du point de vue des danseurs, ce ne doit être guère mieux. Leur combinaison n’est pas étanche, ils ont l’air trempé, on imagine que la mousse pique les yeux et rend la scène glissante. Reste une matière avec laquelle on peut jouer. La soulever, l’explorer.

 

Mathilde Monnier, Soapéra, 16-11-2010, n° 8277


Soapéra insiste sur la mousse. Mais l’opéra ? Pas de chant ici, mais une trame dramatique que l’on reconstruit assez aisément. D’abord une danseuse assise, comme en méditation devant une nuée flottante asiatique. Puis des figures égarées, engluées dans cette chape informe, qui explorent, se cherchent, se retrouvent peut-être, s’entraident d’une certaine façon - et un couple furtif. Une grande plaque carrée, blanche comme une toile vierge, joue un rôle central et polymorphe. Tantôt plateau, tantôt menace, tantôt cabane de Robinson, ce pourrait être une métaphore du monde, et les quatre danseurs une métaphore de l’humanité.

 

Mathilde Monnier, Soapéra, 16-11-2010, n° 8480

 

Mais après que le plateau s’est abattu sur la scène, faisant voler la mousse en éclats jusque sur le public, le jeu des danseurs et leurs interactions me paraissent moins évidents. Une partie de gestes attablés au plateau me laisse de marbre. Suivent encore de très beaux effets de groupe, et puis c’est fini. Malgré la mousse, je reste un peu sec.

 

♥♥♥ Soapéra, de Mathilde Monnier, a été donné au centre Georges Pompidou du 17 au 21 novembre 2010.

 

Retrouvez ici Soapéra en images

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29 novembre 2010 1 29 /11 /novembre /2010 22:31

 


Celle qu’on n’attendait pas. Une vraie surprise. Un mail du Centre culturel suisse l’autre jour, “Eugénie Rebetez, Gina, du tant au tant”, un extrait sur YouTube : tiens, ça a l’air pas mal... Et puis c’est une Jurassienne. Mon papa est jurassien, et on ne parle pas assez du Jura, sorti du vin jaune et de la saucisse de Morteau. J’y vais !
Avec ce premier solo, dont la tournée est programmée jusqu’en octobre 2011 déjà, Eugénie Rebetez signe un sidérant petit ovni, sorti de nulle part.

L’idée est simple : Eugénie Rebetez aime la vie et ça se voit. Eugénie aime la danse, en fait depuis toute petite, bien qu’elle n’ait pas tout à fait le physique d’une ballerine. Elle a envie d’en parler, de mettre cela en scène ; elle crée le personnage de Gina, une sorte de surmoi rêvant gloire et beauté, double, paradoxal, à la fois enjôleur et inquiétant.
Et ça marche ! Elle aurait pu jouer la ronde rigolote, ou bien entonner le discours convenu, platement castrateur de l’acceptation des différences. Mais, très subtilement, elle dépasse allègrement tout cela en donnant à voir un corps monstrueux - non par sa chair à faire pâmer Rubens, mais par son étrangeté irréductible.
Sur la scène minuscule du Centre culturel suisse, comme proportionnée au pays, elle joue d’une multiplicité de registres (cabaret, danse, performance, comique) et de langues (français avec ou sans accent jurassien, allemand, anglais) ; autant de territoires qui se succèdent pour mieux dérouter.

Car Gina-Eugénie est lourde d’ambiguïtés. Gina est un personnage de fiction, mais son corps est bien celui d’Eugénie. De son côté, Eugénie assume. Elle se croque en poule noire et blanche, en autruche, en baleine sur la voix sublime de la Callas période maigre. Elle se moque de ses rondeurs, se joue des préjugés, rajoute une louche de lourdeur flasque et de raideur maladroite ; fredonne avec une insoutenable légèreté “Ich liebe mein Leben [j'aime ma vie], tip top tip top”. Elle s’aime. Et clame très justement : “I want to express my emotional body”.
D’une certaine façon, par son corps bruyamment assumé, par le recours à la chanson, par sa façon de secouer le cocotier des conventions et de la performance normée, Eugénie Rebetez me rappelle les shows d’Ann Liv Young : elle met juste plus de douceur, de discrétion et de charme dans la revendication. Peut-être parce qu’elle vit en Europe, et qu’ici, malgré tout, le rapport au corps est moins conflictuel qu’aux Etats-Unis, ne dicte pas la même âpreté.

De l’autre côté il y a Gina, dans sa petite robe noire qui lui va si mal. La provinciale sous cloches, retranchée dans son ch’ti de l’Est, nulle mais attachante.  D’un bout à l’autre de la pièce, Gina semble traversée par un fantasme de disparition : derrière le rideau, sous le rideau, derrière un mur, la tête dans un sac. “Bientôt je m’en vais”, finit-elle par lâcher comme pour nous rassurer. Gina vit aussi dans l’obsession de la chute des corps, de la faillite. Même le micro, phallique comme il se doit, que tantôt elle empoigne fougueusement, tantôt couvre d’une veste pudique, retombe devant ce corps supposément trop gras.
Si le public rit volontiers, car elle s’expose avec un aplomb confondant, Eugénie compose avec Gina une figure primitive, aux limbes de l’homme. Un corps désaccordé, frère de l’animal et du forcené, bégayant comme une machine voilée ; un précis de décomposition, de morcellement qui, d’une facette à l’autre, déploie l’interstice, nos archaïsmes domestiqués. Quand les paillettes de la renommée sont retombées, comment composer avec ce corps revêche, ce temps revêche, ces objets inertes qui refusent de se plier à nos désirs ? A l’apparente normalité de l’homme sociable, poreux aux rêves factices, Eugénie Rebetez oppose l’animalité sauvage, désespérément solitaire.

Dans ce corps et cette âme-là, gros et minces, extravertis et timides trouvent à se reconnaître. Avec de l’énergie pour quatre, l’oeil toujours gourmand et malicieux, Eugénie Rebetez nous fait vivre une expérience totalement gaie, fraternelle et humaine. Merci à elle.

♥♥♥♥♥ Gina, d’Eugénie Rebetez, a été donné au Centre culturel suisse du 26 au 30 octobre 2010.

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9 novembre 2010 2 09 /11 /novembre /2010 23:32

Julie Nioche, Nos Solitudes, 26 octobre 2010

 

Seule sur scène, juste précédée du guitariste Alexandre Meyer, Julie Nioche s’harnache de bracelets de cuir pour quitter le sol, comme Hermès et ses talonnières. Elle s’installe dans une installation de fils tendus de poids de Roberval (Haut + Court, Didier Alexandre, Gilles Fer). Du Stelarc soft ?


Regard blanc, un peu fermé. Impression d’un devoir à accomplir.

 

Pour le spectateur, le poids crée la sensation de légèreté, ou plus exactement l’illusion de légèreté, qu'elle marche sur les airs comme d’autres marchaient sur les eaux.
La lumière introduit une dramatisation.

 

Julie Nioche, Nos Solitudes, 26 octobre 2010

Au cirque, ce serait un exercice d’acrobatie assez passable. Mais il n’est pas question de prouesse.
Le mouvement naturel du corps est à planifier, à réapprendre, c’est une rééducation.


Il s’introduit dans un univers industriel : un pont de filins, suspendu, précisément ; une machinerie, un instrument de musique (le bruit des poulies, des poids qui frappent la scène. Aux cordes des poids répondent les cordes de la guitare) ; une machinerie céleste, dont aucun astre n’agit sans mouvoir tout le système.

 

Beaucoup de vide.

 

Julie Nioche, Nos Solitudes, 26 octobre 2010

 
Nos solitudes : Julie Nioche parle pour nous. Elle est toute petite sur le grand plateau de Pompidou, transformé en univers. Julie mioche se hisse dans un ersatz de nid, dans sa cabane, au milieu de semblants d’étoiles. Elle se retire dans le sommeil. C’est une forme de refermement sur soi. Je retrouve H2O-NaCl-CaCO3 (que je n’avais guère compris en 2005) : Julie Nioche aime la confrontation solitaire avec la matière, une matière singulière, à géométrie variable, transfigurée par le corps.

 

Julie Nioche, Nos Solitudes, 26 octobre 2010

 

C’est une expression de volonté. Franchement, elle tire les ficelles comme des tirants d’orgue, elle mène le jeu. Elle expérimente, pantin de soi-même.
 
♥♥♥♥♥ Nos Solitudes, de Julie Nioche, a été donné au centre Georges Pompidou du 27 au 29 octobre 2010.

 

Retrouvez ici Nos Solitudes en images

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15 octobre 2010 5 15 /10 /octobre /2010 12:34

Perrine Valli, Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt, 21-09-2010, n° 7724

Je ne sais si notre époque sait encore fabriquer des mythes. Les mythes réclament lenteur et simplesse d’âme, et nous sommes pressés et compliqués. La richesse sémantique sort du simple. Si tu penses aux relations hommes-femmes, il y a fort à parier que tu penses tôt ou tard à Eve et Adam. C’est un mythe très simple dont les aboutissants sont très compliqués. Comme si nos ancêtres des premières cités avaient su planter des troncs, et nous ne savions plus que coller des feuilles. Alors on revient toujours aux troncs.

Dans la droite ligne de sa précédente pièce, Perrine Valli veut parler des relations hommes-femmes, et elle a pensé à Eve et Adam. Et à Lilith, peut-être parce qu’Eve paraît trop soumise, trop sage, trop plate, et parce que Perrine s’intéresse aussi à cette vieille dualité que l’homme plaque sur sa moitié, d’épouse et de putain.

Les artistes qui utilisent les mythes prennent aujourd’hui de grands risques, car nous avons oublié nos mythes, nous n’en connaissons plus les subtilités. Ici je n’ai pas vu d’arbre de la connaissance, ni de serpent, mais j’ai vu la pomme et un oeuf. Oeuf qui m’a dérouté, car il n’y a pas d’oeuf dans le récit de la Genèse. Tantôt l’une le mange, tantôt l’autre le porte, lumineux, plus gros qu’un oeuf d’autruche. Il faut peut-être aller voir chez les Grecs : l’oeuf primordial de la tradition orphique, ou cet étrange récit du Banquet de Platon, selon lequel l’homme et la femme n’auraient d’abord été qu’un tout vaguement sphérique que Zeus un jour aurait tranché en deux, pour lui apprendre à vivre.

Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt est une oeuvre très ambitieuse et très belle pour trois, quatre, cinq interprètes. Ambitieuse par son thème, par sa longueur et le nombre de ses danseurs, belle par sa danse, lente et hiératique, géométrique et sémaphorique mais sans sécheresse, et cependant empreinte de douceur, à la façon de Maurice Denis. Le cercle tempère la droite, le bercement la marche. Malgré le dépouillement, malgré le blanc et le noir, cette Buren de la danse transmet un sentiment charnel, comme par ces fouettés de pied qui rappellent une jument impatiente, les métaphores érotiques du Moyen-Orient.

 

Perrine Valli, Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt, 21-09-2010, n° 7646

Le fond sonore (Jennifer Bonn) déploie l’espace, les feuilles, le vent, les mouches. Sans doute n’y a-t-il pas de vent au Paradis, ni de mouches au Paradis, et c’est bien dommage. J’aime le chant des mouches, annonciateur de pourriture et de décomposition, chant du festin naturel et de l’éternelle renaissance. Voyez comme les mouches palpent les morts pour les éponger. On ne saurait mieux sonoriser la chute du Paradis. Ici-bas règne la réincarnation continuelle. Le vivant se nourrit du mort, perpétuellement.

A ce roulement des éléments répond, sur scène, le roulement permanent des corps, des personnages qui paraissent, s’effacent et reparaissent, le glissement des cadres, formant tableaux, un théâtre sans paroles. Perrine réussit l’alliance très délicate de l’abstraction et du prosaïque. Des cadres noirs servent de passerelles par lesquelles du mythe on passe au foot, envisagé comme une métaphore de la domination masculine. Des sas polysémiques, abstractions spatiales et cages de but, féminins couchés, masculins dressés. L’oeuf devient balle, la main de Dieu ou la pluie d’or des Anciens une pluie de cartons jaunes.

Perrine Valli me semble à la croisée des chemins. “Le poète dramatique”, écrivait Maeterlinck, “est obligé de faire descendre dans la vie réelle, dans la vie de tous les jours, l’idée qu'il se fait de l’inconnu” (Théâtre, préface, 1901). C’est ce que Perrine semble vouloir faire, mais trop timidement encore.


A dire vrai, j’ai du mal à distinguer son Eve de sa Lilith, tant toutes deux paraissent également sages. Elles se mêlent d’ailleurs parfois dans une roulade fusionnelle. Adam quant à lui, grand et beau comme un Apollon, est au fond effacé, presque transparent. Dans un Déjeuner sur l’herbe esquissé, c’est lui qu’on déshabille ; plus tard, c’est la femme qui mime l’Homme de Vitruve. La chute du Paradis est insensible. De prime abord, tout semble en quelque sorte ouaté. Mais en vérité,  Perrine Valli contredit méthodiquement l’histoire de l’homme et de la femme, intervertit sciemment les rôles, désarme la puissance masculine. Sans le dire, elle préfigure le règne de la Femme.

Perrine Valli, Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt, 21-09-2010, n° 7697

Tout ceci n’est certes que supposition car Perrine, comme tant d’autres artistes contemporains, se garde d’être trop explicite. Certains aiment cette indécision, comme notre ami Guy Degeorges ; quant à moi je préfère, et je crois que notre époque en a dramatiquement besoin, des propositions fortes et tranchées, engagées. Si donc Perrine Valli a quelque chose à déclarer, qu’elle parle maintenant haut et fort !

 

♥♥♥♥♥♥  Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt de Perrine Valli a été montré en avant-première à Mains d’Oeuvres le 22 septembre 2010.

 

Retrouvez ici l’avant-première de Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt en images

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26 juillet 2010 1 26 /07 /juillet /2010 14:25

Laurent-Bazin--Insomnie-des-murenes-18.jpg

Laurent Bazin, L'Insomnie des murènes (cl. Svend Andersen)

 

Encore un tuyau de Guy. Il paraît qu'il faut que j'aille au théâtre, et il se trouve que ça, c'est assez du théâtre, tout en étant assez proche de la danse ; une comédienne, trois danseuses. Donc, la pièce parfaite pour m'apprivoiser. En plus, après, il y avait une vraie pièce de théâtre, avec du vrai texte en dur, intitulée Sous la Falaise, de Nicolas Kerszenbaum (compagnie Franchement, tu) ; une jolie réinterprétation du mythe d'Orphée, l'homme qui ne peut s'empêcher de regarder en arrière, avec un chien père Noël. Bon, je me suis fait inviter, et pour me dédouaner j'ai fait venir un drôle de gars qui écrit sur ses retours de voyage.

 

La chose se passait dans un lieu nouveau, la Loge. La scène n'est pas beaucoup plus grande qu'une loge, en effet, surtout pour cette pièce où le public est confiné comme dans une grotte ou une cave, dans le noir. Public jeune, pas celui auquel j'ai l'habitude il me semble. Ah oui, j'ai oublié de le dire, pour la saison prochaine je n'ai pas pris d'abonnement au Théâtre de la Ville. Maintenant que je suis un peu initié, je préfère aller au hasard, à la rencontre d'artistes à confirmer. C'est plus amusant et plus utile.

 

Laurent-Bazin--Insomnie-des-murenes-3-2.jpg

Laurent Bazin, L'Insomnie des murènes (cl. Svend Andersen)


Pourquoi Insomnie des murènes, je ne sais pas trop. En fait c'est l'insomnie d'une femme qui n'a pas vraiment une tête à mordre. Eclairée par dessous, on dirait même Chiara Mastroianni. Alors il y a cette atmosphère onirique des orages d'été, de ces grondements caressants du ciel, de la moiteur, l'humidité de la forêt, les formes et les désirs indécis de la nuit, des hallucinations morbides, des peaux qui se touchent, des cauchemards éveillés. Point de murènes, mais des méduses, des siamoises, des doubles blafards, des fantasmes d'embryon, des bois de cerf, une envie d'Ovide. Mentalement, j'ajoute des fougères et de la mousse. Trois Grâces ou Parques dont les seins suintants processionnent mènent le bal, tirent à hue et à dia l'insomniaque. L'orgie n'est pas loin mais il n'y a que de l'alcool, et d'homme que par masques aux grands yeux, aux sur-yeux clairs, façon Cocteau.


Voilà un essai prometteur auquel il manque encore quelque chose. Peut-être un peu trop de préciosité, de plasticité et pas assez de sens, de sexe ou de folie. Laurent Bazin a écrit et mis en scène une autre pièce, Dysmopolis, où l'on retrouve son goût des masques. A suivre.

 

L'Insomnie des murènes, de Laurent Bazin, a été donné à La Loge du 20 au 22 juillet 2010 dans le cadre du festival Summer of Loge.

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6 juillet 2010 2 06 /07 /juillet /2010 13:59


Si le diaporama ne s'affiche pas, cliquer ici

 

Thibaud Croisy habite un bout de quartier noir très coloré, où le marché s'improvise à toute heure sur les trottoirs : une palette sur les bornes des Vélib' et les tréteaux sont levés.

 

Il a imaginé une performance en chambre. Enfin c'est un peu vulgaire de le dire comme ça. Surtout que la performance en chambre, c'est un peu à la mode. Souvent contraint et forcé, à défaut d'avoir une salle pour soi. Mais jouer en chambre, ou dehors, dans un parc, dans un bois, dans la rue, sous un pont, c'est au fond tellement mieux que dans une salle. Parce qu'on en est un peu prisonniers, de ces salles : on les a construites, on les a payées, il faut bien jouer dedans, n'est-ce-pas ?

 

Pour Thibaud Croisy, évidemment, c'était un choix. Le choix de sortir des conventions, le choix d'un rapport intime, presque sensuel avec son public, car il vous invite lui-même dans son propre 2 pièces, dont il a préalablement vidé le séjour-cuisine pour vous accueillir.

 

On est timide forcément, on a le sens du sacré. On sait que ça va se jouer là, alors on se plaque contre les murs. Et puis le maître des cérémonies s'est emparé du canapé, avec l'air jubilatoire d'un érotomane des beaux quartiers. Ce qui se joue est une épiphanie. Oh c'est apparemment une chose très simple : une femme attablée qui habite cet espace dans le silence, accomplit le rituel du quotidien. Mais, à bien y regarder, elle a des gestes qui le transcendent, venus d'un autre monde. Par des signes sourds elle en ouvre la porte, comme les personnages des tableaux anciens. On devine très vite qu'elle sera nue, comme on vient au monde, et l'on sent à mi-course qu'elle défera tout ce qu'elle a fait, comme une pellicule rembobinée, de sorte que la fin se confond avec le début, et que le milieu n'a pas d'existence. Comme le Big-Bang, vous savez : le monde est en expansion, puis un jour il s'effondrera sur lui-même. Comme la vie : un jour, un coup d'éponge, un coup de zip et nous aurons disparu.

 

(La maison est une machine à vivre. Elle est notre royaume, et nous voulons toujours croire que nous en sommes les premiers et les derniers occupants. Comme si nous n'étions pas qu'un maillon d'une longue chaîne. Un coup de torchon sur la table, un coup de peinture blanche sur les murs pour éloigner le passé, un peu comme on lave les pots de fleurs, dit-on, pour neutraliser les toxines de son ancien habitant, et tout serait neuf. La maison ne dit rien mais, quoi qu'on en pense, c'est elle qui nous habite. De ses fenêtres, de sa poignée dure, de son parquet grinçant, elle nous meut et nous fabrique).

Il y a du trouble dans cette performance. C'est étonnant, et si réconfortant, d'obtenir autant avec si peu. Qui est cette femme ? Je sais bien que c'est l'admirable Sophie Demeyer, je sais bien qu'elle danse depuis des années pour les Gens d'Uterpan. Mais à cet instant je ne sais si elle joue, si elle danse, où ni qui elle est à cet instant. Sur les photos, je m'apercevrai qu'elle a le physique exact des beautés du XVe siècle, leur corps menu, leur regard rêveur un peu fiévreux, distant, fier.

Là-dessus Thibaud Croisy s'amuse. Il se dédouble, nous embarque pince sans rire sur le terrain du morbide et du paranormal.

Quand j'étais petit, pendant les vacances chez une de mes grands-mères, je m'enfermais au grenier avec le neveu d'une voisine et, après avoir écouté les histoires extraordinaires de Pierre Bellemare, nous pensions très fort à la présence d'esprits et nous nous fichions des peurs bleues.

 

A la fin, les deux protagonistes repartent comme ils étaient venus, nous laissant seuls dans l'appartement.

 

Je pensais vierge mais en fait non, de Thibaud Croisy, a été donné chez l'auteur dans le 18e arrondissement de Paris les 10 et 11 juin 2010, et le sera peut-être encore si vous insistez beaucoup. Voir aussi l'avis de Guy.

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15 juin 2010 2 15 /06 /juin /2010 23:13

Il y a un peu plus d'un an, Guy Degeorges, Pascal Bély et moi-même discutions ensemble de la dernière création de Perrine Valli, Je pense comme une fille enlève sa robe. La récente reprise au Théâtre de la Ville d'une pièce emblématique de Jérôme Bel, The Show Must Go on, nous donne l'occasion de réitérer cette expérience. Guy et moi avons vu le spectacle au Théâtre de la Ville, Pascal au Théâtre des Salins de Martigues en février 2005, et il s'en souvient encore ; vous saurez bientôt pourquoi. Ajoutons que Jérôme Bel a donné sa propre lecture de son spectacle. La mienne donnera l'impression de surinterpréter très partialement ses intentions, mais je l'assume. Selon ma doctrine actuelle, j'écris sans me documenter auparavant, car j'estime qu'une oeuvre doit savoir parler d'elle-même, et j'admets qu'une oeuvre contemporaine prête souvent à de multiples interprétations.

Jérôme Delatour. The Show Must Go on, de Jérôme Bel, est une pièce créée en 2001 que je me devais d'avoir vue et qui, en effet, est importante. On l'associe à la "non-danse", un hypothétique courant de la danse contemporaine qui fait crier certains. Et encore plus quand la chose est interprétée, comme depuis 2007, par les danseurs du ballet de l'Opéra de Lyon !
Aucune importance.

Pascal Bély. C’était important. Le 4 février 2005, au Théâtre des Salins de Martigues, la salle est clairsemée. Dès les premières minutes du spectacle, la tension est palpable, alors que nous sommes plongés dans le noir, pour une attente interminable. A cette époque-là, je vais au spectacle pour me divertir et je ne saisis pas encore que la danse est un acte politique. Quant au courant de la « non-danse », j’en ignore l'existence…

JD. Que voit-on ? Sur un plateau nu, 30 jeunes gens en habit de ville, dont seize garçons, debout face à nous, les bras ballants. Quand une chanson survient, ils dansent, quand elle s'arrête ils s'arrêtent. Les chansons se succèdent jusqu'à la fin, à la manière d'un jukebox.
Les spectateurs qui s'en tiennent à ce premier degré de lecture sont évidemment déçus. Ceux qui admettent qu'un spectacle puisse être politique y voient une métaphore ; une métaphore du totalitarisme moderne, du fascisme libéral planétaire. Voilà des individus sans volonté qui obéissent au doigt et à l'oeil. C'est glaçant, parce qu'ils nous ressemblent trait pour trait. Oh ! plus d'uniformes ni de canons, plus de morts ni de larmes ; plus que jamais, l'horreur se joue en coulisses, à l'insu de notre plein gré.

Guy Degeorges. Tu métaphorises, et c'est symptomatique. Tu réagis à ta façon. Tu n'as pas le choix.
Plutot que de manipulation, je parlerais ici de provocation. Dans une logique de performance. Tu interprètes à un niveau politique. D'autres spectateurs du théâtre réagissaient selon leurs moyens propres: à voix haute, en chantant, riant, en écrivant des sms, etc. L'intérêt de cette proposition  est de créer une relation inhabituelle entre spectacles et spectateurs. Comme l'on dit souvent "le spectacle était dans la salle". Puisque Jérôme Bel prenait le parti de ne pas présenter de danse "dansée", ni signifiante, que de l'absence d'action ou de la danse pauvre, et se refusait à répondre à toutes nos habituelles attentes. Je ne vais pas jouer le rôle du râleur ou du réac de service. Il se passait des choses intéressantes. Une dame chantait très bien. Mais, à la vérité, je me suis ennuyé. Car la situation pouvait paraître libératrice dans un premier mouvement, mais devenait au fond manipulatrice et enfermante: nous perdons la possibilité de critiquer car nous sommes devenus partie prenante du spectacle. Il devient impossible de se situer "à l'extérieur".

PB. Oui, pour la première fois, j’étais dedans. Et c’était là le plus extraordinaire. Pour la première fois, un chorégraphe m’interpellait : « tu fais partie du jeu ». Non que je puisse monter sur scène, mais que la danse était une interaction entre le spectateur et le danseur où circule… le désir. Quelle découverte ! Je me souviens encore de la salle : des sifflets, des hurlements, des cris de joie. Je  m’enfonçais dans mon fauteuil, intimidé, joyeux, apeuré… Pour la première fois, je me sentais exister comme spectateur parce que j’étais TOUCHE et qu’un artiste venait chercher le « ça », le « surmoi » et tout le « tralala ».

JD. Jérôme Bel se livre à un exercice de manipulation malicieux. Il opère un choix ouvertement tendancieux dans l'immense réservoir des tubes planétaires, les détourne avec ironie. Chaque refrain devient un slogan, une injonction à faire, à être, à rêver, pense à notre place, nous berce, nous tue. La pop héritière de la fanfare militaire, et nous bons petits soldats de la consommation, marionnettes marchant au doigt et à l'oeil, le doigt sur la couture d'un jeans Diesel. Et post musicam, animal triste.

GD. C’est cet aspect qui est douteux, jusqu'à toucher au procédé. Je cite la feuille de salle (complaisante comme toutes les feuilles de salle) : "Le DJ enchaîne les rengaines des quinze dernière années qui soudain se répandent en effluves de souvenirs et picotent au coin du cœur". Autrement dit, l'effet "Radio Nostalgie"?

JD. Cette feuille de salle me paraît très superficielle !

PB. Il fallait ce procédé pour travailler la posture du spectateur. Qui n’a pas dansé sur ces tubes ? Qui n’a pas désiré en écoutant ces ritournelles ? Oui, cela picotait mais au-delà de cette sensation, il y a avait cette question : « que fais-tu là dans cette salle de spectacle ? » C’est à partir de ce processus que les spectateurs ont commencé à s’engueler dans la salle. « Mais ce n’est pas de la danse » me lance une femme furieuse ! Et moi, de lui répondre : « mais madame, la danse ce n’est pas que du mouvement ». Je me souviens encore de cette réponse ! Mais où étais-je allé chercher ça ?!

JD. Evidemment, la musique n'est pas en cause. Ni John Lennon ni Céline Dion, dont le crime essentiel serait la mièvrerie ou le bon sentiment (et la compatibilité totale avec la société mercantile), ne sont des dictateurs en puissance, mais celui qui exploite, organise, systémise, transforme leurs fleurs en pilules et en munitions. Qui est-il ? Où se cache-t-il ? C'est alors seulement qu'on le remarque, tapi dans la fosse d'orchestre. Une espèce d'Ubu de l'ombre qui passe les disques. Nous ne tenons qu'à un disque. Le DJ est un dieu, "Killing me softly with his song". Dieu est un DJ. A ce point de sa démonstration, Jérôme Bel lâche un peu les danseurs et se met à jouer insidieusement avec les nerfs du public.

GD. Ca faisait un bout de temps qu'il jouait avec les nerfs... depuis le début.

JD. Oui, c'est bien de nous dont il s'agit dans cette pièce, au cas où nous ne voudrions pas l'avoir remarqué. Dès le début, histoire de nous conditionner, il nous avait plongés dans le noir en nous distillant des chansons entraînantes ou niaises. Soudain, lumière rouge et Piaf. Puis retour au noir complet avec "The Sounds of Silence" ("Hello, darkness my old friend...").

GD. Avoue que les ficelles sont un peu grosses, et les jeux de mots faciles! "let the sun-shine": et la lumière monte, "Yellow Submarine": les danseurs disparaissent dans les cintres sous une lumière jaune, tout à l'avenant. On serait plus sévère en écoutant ça sur une scène de café-théâtre. Mais une fois de plus, on se situe hors de tout jugement esthétique possible, hors de l'esthétique.
        
JD. Pour filer ma métaphore totalitaire, je dirais que dans un système totalitaire, plus les ficelles sont grosses, mieux il marche.

PB. Oui, on est hors de l’esthétique. C’est au niveau du processus que l’on peut lire cette pièce, sinon c’est l’ennui assuré (quoique s’ennuyer est aussi un positionnement défensif). Bel ne vient chercher aucun savoir, mais intranquillise une posture, celle du spectateur, que bien des programmateurs ont confortablement installé dans un fauteuil moelleux. C’était la première fois que le public de Martigues vociférait de la sorte et ses cris étaient un acte politique. Je me souviens avoir fait le lien avec les protestations du public quand, en 2003 en Avignon, il n’avait pas eu ce qu’il voulait…

JD. Et rebelote. Chanson. Lumière. Silence. Noir. Chanson. Silence. Lumière. Ces méthodes ne vous rappellent rien ? Le public est électrique, désarçonné. Il voudrait maîtriser la chose, mais il est pris au piège. Alors ça trépigne, ça crie des bêtises, ça pianote sur les portables, ça prend des photos... Le premier qui publie sur Facebook a un prix !

GD. Je l'ai fait, je l'ai fait! J'ai posté 50 commentaires sur Facebook en direct et qu'ai je gagné ? Rien du tout. A part avoir faire rire Pascal peut-être. Et ça m'occupait les doigts. Cette tentative pour me situer hors du jeu et inventer une nouvelle réaction était vouée à l'échec. J'étais manipulé ; dans ce contexte, tout comportement inhabituel devient légitime, récupéré, partie intégrante du système spectaculaire. Sur le coup cela m'irrite ; mon premier réflexe est de dire "on m'a déjà fait le coup" du non-spectacle. J'ai eu la même réaction face à certaines propositions performatives (cf. les gens d'Uterpan). Sans que cela n'explique les raisons de mon irritation car je peux réagir favorablement à la répétition d'autres procédés spectaculaires...  

PB. En 2005, il n’y avait pas de Smartphone…

GD. En refléchissant à ta réaction, lorsque que tu étais un "jeune" spectateur, cela n'implique-t-il pas que cette proposition n'a d'intérêt que pour un public relativement vierge, habitué à des codes de représentation plus conventionnels ? Pourrais tu revoir cette pièce?

PB. Encore aujourd’hui, en écrivant sur ce « show », l’émotion me submerge car c’est mon acte de naissance de « spect’acteur ». La revoir, serait de vivre un « dedans-dehors » jubilatoire.

JD. Ca reprend les refrains en cœur, ça sa dandine un peu, ça agite son portable à défaut de briquet (jamais vu autant de portables allumés), histoire de ne pas perdre la face.
L'apprenti tortionnaire poursuit ses expérimentations. Que se passe-t-il maintenant si chacun emporte sa musique avec soi, casque aux oreilles ? Jérôme Bel a prévu le coup. Hé bien il ne se passe rien de plus.

GD. Non, il ne se passe jamais rien sur scène - c'est fait exprès, c'est le concept. Il se passe des choses dans le système salle-scène.

JD. Les individus ne sont pas libérés. Juste isolés, en prise directe avec des pensées préfabriquées, emmurés dans le paradis artificiel des égos hypertrophiés. "Should I stay or should I go ? » "I'm bad". "Je ne suis pas un héro". "J'adore". "I'm gonna live forever". "I've got the power".
Entretemps, le DJ aura dansé lui aussi. Finalement, ce n'était qu'un sous-fifre. Mais alors, qui est le grand manipulateur ? Allons allons, nous nageons en pleine théorie du complot. Nous ne sommes manipulés que parce que nous le voulons bien. The Show must go on, sinon il nous faudrait regarder la réalité en face, avoir du courage, la volonté d'être et de faire quelque chose.
Et si on essayait ? Ne serait-il pas grand temps de nous secouer, plutôt que de bouger notre anatomie ?

GD. You've got to move it, move it ? C’est le mot de la fin, façon dessin animé ?

PB. « You’ve got to move it, move it ». En quittant le théâtre, je chante points serrés. « Mais pourquoi vas-tu au spectacle ? Pourquoi gueulaient-ils ? Je suis un spectateur. Je suis un spectateur ». Emancipé ? Le 22 mai 2005, je créais le Tadorne. Jérôme Bel, sans rien savoir de mon histoire, fut le premier chorégraphe à mettre le lien de mon blog sur son site.

 

  The Show Must Go on, de Jérôme Bel, a été donné au Théâtre de la Ville du 18 au 20 mai 2010.

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Festivals & cies

Quelques festivals...


Hiver


Artdanthé (Vanves, entre novembre et mars)
Faits d'Hiver (Île-de-France, janvier)
Tanztage Berlin (janvier)
SzólóDuó Tánc Nemzetközi Fesztivál (Budapest)
Escena contemporanea (Madrid, janvier-février)
Vivat la danse ! (Armentières, février)
Tanzplattform (février, Allemagne)  
DañsFabrik (Brest, février-mars)
Les Hivernales d'Avignon (Avignon, février-mars)
Tanz Bremen (Brème, mars)
Les Repérages (Lille, mars)
Biennale nationale de danse du Val-de-Marne (mars-avril)

Printemps


Biennale de danse de Charleroi (mars-mai)
Freedance
(Dniepropetrovsk, Ukraine, avril)
Brasil Move Berlim (Berlin, avril)

Springdance (Utrecht, avril)
La danse de tous les sens (Falaise, mai)

Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis (Île-de-France, mai-juin)

Festival TransAmériques (Montréal, mai-juin)
Tanec Praha
(Prague, juin)
Dance Week Festival (Zagreb, juin)
Uzès Danse
(Uzès, juin)
Latitudes contemporaines (Lille, juin)
Alkantara festival (juin)
Zawirowania (Varsovie, juin)

Eté


Festival de Marseille (juin-juillet)

Montpellier danse (Montpellier, juin-juillet)
Festival d'Avignon (Avignon, juillet)
L'Eté des Hivernales (Avignon, juillet)
ImPulsTanz (Vienne, juillet-août)
Paris quartier d'été (Paris, juillet-août)
Internationale Tanzmesse nrw (Düsseldorf, août)
Tanz im August (Berlin, août-septembre)

Automne


Biennale de la danse (Lyon, septembre)

Le Temps d'aimer (Biarritz, septembre)
Plastique Danse Flore (Versailles, septembre)
Dansem (Marseille, septembre-octobre)
Sidance (Séoul, septembre-octobre)
iDans (Istanbul, septembre-octobre)

Ciało/Umysł (Varsovie, septembre-octobre)
Festival d'Automne (Paris, septembre-décembre)
Les Eclats chorégraphiques (Poitou-Charentes, octobre)
Tanzhautnah (Cologne, octobre)
123Tanz (Hall, Autriche, octobre)
Tanztendenzen (Greifswald, octobre)
Bøf (Budapest, octobre)
Panorama de dança (Rio de Janeiro, octobre-novembre)
Dance (Munich, octobre-novembre)
Fest mit Pina (Allemagne, novembre)
Euro Scene Leipzig (novembre)
Les Inaccoutumés (Paris, novembre-décembre)
Decemberdance (Bruges, décembre)

Dates variables


DatanzDa (Zürich)
Les Grandes traversées (Bordeaux)
Ikonoclaste (Wuppertal)
Junge hunde (Kanonhallen, Danemark)



... & compagnies


cie l'Abrupt (Alban Richard) VID
Absolutamente (Jesus Sevari)
AIME (Julie Nioche)
Aitana Cordero VID
Alias (Guilherme Botelho)
Ann Liv Young DVD
Anna Halprin
Ann van den Broek VID
cie Ariadone (Carlotta Ikeda) VID
Arthur Kuggeleyn + Co.
As Palavras (Claudio Bernardo) VID
Association Achles (David Wampach) VID
Association Edna
(Boris Charmatz)
cie Caterina Sagna VID
cie Cave canem (Philippes Combes) VID
cie Christine Le Berre
cie C.Loy (Cécile Loyer) VID
Corps indice (Isabelle Choinière) VID
cie Dans.Kias (Saskia Hölbling) DVD
cie DCA (Philippe Decouflé) VID
Deja donne
(Lenka Flory et Simone Sandroni) VID
Digital Video Dance Art (Iker Gómez) VID
Dorky Park (Constanza Macras) VID
Editta Braun Company VID
Erna Omarsdottir VID
cie Felix Ruckert
Les Gens d'Uterpan (Annie Vigier/Franck Apertet)
cie Gilles Jobin DVD VID
cie Greffe (Cindy van Acker)
Groupe Noces (Florence Bernad) VID
Hors Commerce (Hélène Cathala) VID
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cie Jocelyne Danchik VID
cie Jours tranquilles (Fabrice Gorgerat)
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Kwaad bloed vzw
(Charlotte vanden Eynde & Ugo Dehaes)
L1 danceLab (collectif hongrois)
La BaZooKa VID
La Ribot DVD
La Ventura et cie (Anna Ventura) VID
La Zampa (Magali Milian-Romuald Luydlin) VID -> photos
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