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Alain Platel : (sans) Pitié !

Assurément, la dernière pièce d'Alain Platel inspire plus de pitié que de passion.
Quand le grand Adolphe (Jean-Marc) annonce du sexe dans une feuille de salle, il faut s'attendre à ce que le spectacle soit mauvais. On n'a pas été déçu.

L'arithmétique est une science cruelle. Avec Pitié !, Alain Platel réédite Vsprs, version bifluorée. Il y met plus de pirouettes, plus de gueules béantes, plus d'hystéries, plus de grimaces d'handicapés mentaux, plus de cris et de gémissements, plus de couleurs, plus de danseurs, plus de chanteurs, plus de musiciens ; mais aussi, hélas, beaucoup, beaucoup, beaucoup plus d'ennui et d'à peu près. Bref, plus de tout. Et pourtant, le résultat est proche de zéro. Malgré la qualité, indéniable, de l'ensemble des interprètes.
C'est le syndrome du regrettable Bazar du homard de Jan Lauwers : comme ce dernier, Alain Platel a voulu nous resservir une pièce à succès. Il a fait pareil en plus, nous refaisant même le coup de la musique vieille radjeunie (cette fois la Passion selon saint Matthieu de Bach, toujours par Fabrizio Cassol). Mais la sauce ne prend plus, elle tourne. Et ce malgré quelques nouveaux ingrédients improbables conçus pour la rallonger, comme les figures de kamasutra (vues chez Gilles Jobin, Kataline Patkaï...) et, pire encore, le baissage de froc accroupi (pour dire sans doute, comme dirait mon ami Guy, l'étron qui ne vient pas ? Ô constipation pathétique !)

Etirée de surcroît sur deux bonnes heures, la pièce laisse impitoyablement le temps de bien considérer toutes ses répétitions, toutes ses ficelles, toute son inconsistance. Car c'est cela qui choque le plus : l'impression très inconfortable qu'Alain Platel n'a strictement rien à dire. Sa pitié est abstraite, gratuite, décorative. Aucune urgence ne paraît la justifier, sinon celle de faire vivre une compagnie. La compagnie y trouve certainement son compte, mais le public...

Qu'en disent les professionnels de la culture ? Pour eux, c'est du tout bon, courez-y ! Témoin Rosita Boisseau dans Le Monde, ou Philippe Noisette qui tire à la ligne dans les Echos. Mais pour qui sait lire le Jean-Marc Adolphe (feuille de salle) dans le texte, il n'est pas difficile de comprendre que ce dernier, malgré son obligation d'être publicitaire, ne cache pas ses réserves : "Alain Platel... fait son Platel. Mais sans trop se répéter... Platel aussi, sans doute moins impétueux qu'au temps de Bonjour Madame..."

Pitié !, d'Alain Platel, est donné au Théâtre de la Ville du  21 au 29 octobre 2008.
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V
Ce blog est parfait : l'info est toujours de qualité et la rédaction sans faille est très agréable à lire.
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J
Disons que c'est le système qui est perfide, qui oblige les chorégraphes à produire pour survivre. J'ai eu le sentiment que Pitié n'apportait rien de nouveau par rapport à Vsprs, et l'argument que j'ai pour appuyer ce sentiment, c'est que les procédés sont exactement les mêmes. Quelqu'un qui n'a pas vu Vsprs, je parierais que c'est votre cas, n'aura certainement pas ressenti la même gêne. Il faut aussi penser au contexte : Platel a son ticket de longue date au Théâtre de la ville ; pendant ce temps, combien de chorégraphes talentueux jouent çà et là où l'on daigne bien les accepter ? Cette sorte de privilège doit s'accompagner d'un niveau d'exigence élevé, c'est la monnaie de la pièce."Qui suis-je pour...", demandez-vous ? - Faut-il être quelqu'un pour... ? Voilà qui est bien français, la France républicaine et démocratique ne digérera donc jamais son Ancien Régime ! Non, je ne suis qu'un spectateur qui exprime ce qu'il a ressenti.
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L
Hum... Qu'en disent les professionnels de la culture? Et en quoi sont-ils différents du public lamda? Ils ont des clefs de lecture, de compréhension de ce type de création, tout simplement. Je comprends que l'on puisse ne pas aimer Pitié!. Mais c'est une danse qui de par sa violence et son aspect primitif dégage quelque chose qui parle à tous, que l'on comprenne quelles sont les références où non. L'indifférence me semble alors plus difficile à comprendre. Mais qu'on la dise "inconsitante"! Il n'y a à ma connaissance pas beaucoup d'artistes qui puissent garder un public deux heures durant, et être applaudit pendant 35min. Qui êtes-vous pour ne pas vous contenter de dire ce que vous en pensez et vous permettre d'émettre un tel jugement, dire de cette création qu'elle est "gratuite"?! Au-delà de çela, vous tenez des propos graves de par vos insinuations perfides; "aucune urgence ne paraît la justifier, sinon celle de faire vivre une compagnie." C'est à à se demander ce qui peut vous poussez à tenir des propos aussi haineux et peu argumentés...
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G
Concernant la musique...c'est une question de renversement de perspective ! Le programme annonce une musique originale de Cassol d'aprés Bach. Ce n'est pas faux, et si on vient écouter du Bach, on peut être, comme Lou, désappointé. Si comme moi même on ignore le classique et on est en resonnance avec le jazz, on y trouve son compte, voire la meilleure raison d'endurer 2 heures de Pitié.La pièce est peut être effectivement une chorégraphie adaptée à une musique. Un peu comme "A Love Supreme" de Coltrane (une autre musique "religieuse") chorégraphié par A.T. de Keesmeaker...avec plus de succés! 
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J
On a l'impression en effet que Platel est toujours à la remorque de Bach, même trituré par Fabrizio Cassol. De fait, Pitié est plus du Bach chorégraphié que de la danse de Platel mise en musique. Fallait-il, du reste, "moderniser" la partition de Bach ? Pour une fois, je serais plutôt du côté des Anciens contre les Modernes. Même si l'exercice est relativement réussi... je n'en vois pas l'utilité. Bach n'a pas besoin de ce traitement pour nous toucher.
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