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L'Orgie de la tolérance : Jan Fabre médiocre et bien-pensant

Voilà Jan Fabre victime à son tour du syndrome du Bazar du homard. N'y allons pas par quatre chemins : l'Orgie de la tolérance est un spectacle bâclé, dépourvu d'enjeux esthétiques et idéologiques ; du Jan Fabre en roue libre.

Les indulgents pourront dire que Fabre réinvestit la tradition de la commedia dell'arte : farce, pantomime, danse (un tout petit peu), jeu et caractères outrés, postures et allusions sexuelles à tire-larigot, tout y est. Les autres s'agacent d'autant de paresse, de l'auto-recyclage permanent (c'est reparti pour l'homme-chien, le rock à fond les manettes, l'apostrophe beuglée du public (après "we are animals", c'est maintenant "Fuck you" ; il y a du progrès)...), mais surtout de l'absence de sincérité, d'un véritable engagement moral.

A grands coups de gags éculés, Fabre vous tartine de conformisme, d'un prêchi-prêcha bien-pensant contre la société de consommation, la religion de l'argent qui nous pourrit tous. Vous apprendrez donc qu'aimer l'argent ce n'est pas bien et que ça rend malheureux, que la jouissance sexuelle ce n'est pas bien non plus, que la mode est futile, qu'abuser des drogues n'est pas joli, que le nazisme est vilain, qu'Abou Ghraib n'est pas une belle chose, que le racisme rend laid et qu'il n'est pas juste. Et que la religion du Christ c'était pas mal, au fond.
Est-ce donc tout ce que ce pitre a à nous dire ? En matière d'obscénité, il atteint par là des sommets. Et pourtant, comble de l'ironie, Fabre a rabattu beaucoup de son obscénité scénique. Peut-être envisage-t-il une tournée en Chine ? Ou bien aurait-il adhéré secrètement aux témoins de Jéhovah ? Il faut dire que la provoc fabrienne s'émousse plus vite qu'une motte de beurre. Le comédien qui s'empale le derrière sur le canon d'un fusil aurait scandalisé il y a dix ans, aujourd'hui il fait rire gras.

Le public du Théâtre de la Ville adore la médiocrité. Personne n'a claqué son siège ce soir. Une insulte pour Fabre qui ferait bien de prendre une année sabbatique.

(Naturellement, nos "critiques" officiels, Rosita Boisseau et Marie-Christine Vernay, ont adoré. Raphaël de Gubernatis est plus crédible.)

L'Orgie de la tolérance, de Jan Fabre, est donné au Théâtre de la Ville du 31 mars au 4 avril 2009.
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R
<br /> <br /> "L'art est une production parasitaire. celui qui fait surgir ce qui jusqu'à lui n'est pas appartient au règne de l'inapproprié. Il n'est pas à sa place. C'est la définition même de la saleté:<br /> Quelque chose n'est pas à sa place. Un soulier est propre sur le plancher. Il est sale pour peu qu'on le pose sur la nappe parmi les fleurs, l'argenterie et les verres alignés."  <br /> <br /> <br /> Pascal QUIGNARD "Les ombres errantes" <br /> <br /> <br /> Aussi, ne prenez pas pour des attaques personnelles ce qui s'adresse auX critiqueS (dont certain n'ont même pas vu le spectacle et qui croient qu'un artiste fait toujours les mêmes choses...)<br />  que j'ai lu sur cette page (dont la votre). Je sais combien certains journalistes (que vous n'êtes peut-être pas d'ailleurs peu importe...) s'adonnent à un style, ce style étant parfois<br /> différent de ce qu'il pensent être dans la vie en tant que personne... bref...là n'était pas mon propos. Et si vous ne retenez de Diogène que la vie dans les tonneaux, alors un coup d'oeil sur<br /> wikipédia n'est vraiment pas suffisant pour un disputatio philosophique sur cette page dédiée à la danse.<br /> <br /> <br /> Quoi qu'il en soit "la finesse" n'est pas forcément ce qui caractérise une oeuvre, quoique vous en pensiez...<br /> <br /> <br /> Et quoi que vous en pensiez, l'art marche avec ou sans vous...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Au delà de tout ça, bravo pour votre blog.<br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Votre critique est juste normale, au sens de la normalité du terme, au sens même de la culture légitime du terme, au sens donc de la critique bourgeoise...Ah la bourgeoise élocutive sait! oui<br /> elle sait, ce qu'est l'art!<br /> <br /> <br /> Cette pièce s'inscrit sans doute dans une démarche qui va fouiller plus loin que la simple provoc parce que ça serait trop simple...<br /> <br /> <br /> Allez voir du coté de Diogène, des cyniques antiques, et des philosophes comme Michel Foucault, allez voir du coté du "courage de la vérité" et faites mieux que Fabre, si vous y parvenez...<br /> <br /> <br /> D'ailleurs, vous crachez presque, faites attention, c'est sale...<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Bonjour, merci pour votre commentaire. Il se trouve que j'ai beaucoup d'admiration pour Diogène, et ceci fait sans doute, entre autres, que je n'en ai pas toujours autant pour Jan Fabre. Pour ce<br /> qui est d'être bourgeois, je le suis assurément et je m'en moque bien. Je  serais très étonné d'ailleurs que vous ne soyez pas de la confrérie - autrement vous n'iriez pas voir Fabre au<br /> théâtre de la Ville, vouv vivriez dans un tonneau. La provoc n'est pas en cause ici - rien de très provoquant, à l'aune de notre siècle - mais la faiblesse, la paresse conceptuelle de cette<br /> pièce. Mon rôle de spectateur n'est pas de faire mieux ou moins bien que Jan Fabre, mais de voir, de concevoir et de partager.<br /> <br /> <br /> <br />
D
merci , pour cette critique je n'ai pas vu ce spectacle , ayant déjà eu l'occasion de quitter la salle au bout de 15 mn  quelques années auparavant pour un spectacle du même auteur  ... je retrouve dans votre critique quelques un de mes sentiments  à cette époque .Lors de ce spectacle , dans lequel  le spectateur  pseudo-intellectuel voit une dénonciation de la violence , une analyse un peu plus poussée  peut y trouver au contraire une  fascination morbide et malsaine de la violence  ..... Dommage pour les danseurs cordialement En tant que médecin et non en tant que critique d'art ... je me pose quelques questions  ...
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J
Sur Télérama, un éclair de lucidité (merci Fabienne Pascaud)...
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J
Tu me l'ôtes de la bouche, Guy ;-) !
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