Dimanche soir, à l'issue de No, chorégraphie de Deborah Colker admirablement fadasse, un spot publicitaire d'Arte m'informe de l'ouverture d'un nouveau site Internet nommé Artevod, sur lequel je peux télécharger légalement quantité de programmes diffusés sur la chaîne.
Quelle nouvelle ! Je dois en rendre compte à mes lecteurs, rares certes, mais fidèles. Je me précipite donc sur mon ordinateur. Première surprise : tous les programmes offerts en téléchargement sont payants ! Voyez comme l'homo urbanus (ou plutôt urbensis) que je suis peut encore se laisser tromper par le jargon lénifiant du politiquement correct : télécharger légalement, cela veut dire payer ! Je devrais pourtant le savoir... Ne pas payer est devenu synonyme d'illégalité. Etre pauvre va devenir illégal. Il y a bien des années, la mairie de Paris a introduit les pissotières payantes : il est devenu illégal sans payer d'y faire pipi. (Sauf pour les animaux de compagnie, qui ont de surcroît le privilège de pouvoir chier où bon leur semble en public tant que leur maître est assez bon pour ramasser leur petite affaire). Mais passons. Qu'à cela ne tienne, payons : qu'y a-t-il à télécharger ? Je vois de l'architecture, un film de Louis Malle, l'émission Karambolage, Sadam Hussein, la grippe aviaire, quelle richesse !
Cherchons donc le mot danse.
Réponse :
"0 résultat
Nous sommes désolés, nous n'avons trouvé aucun résultat pour votre recherche."
Allez, je vous l'avoue : j'avais comme un petit pressentiment. Mais 0, niente, nichts, nada, nothing, alors qu'Arte diffuse (et rediffuse) tous les dimanches de courtes pièces de danse, c'est un peu fort tout de même ! Quà cela ne tienne, j'envoie un mail :
"Bonjour,
Quid de la danse dans votre catalogue ??? N'est-elle pas assez rentable ?
C'est à désespérer.
Jérôme Delatour,
http://imagesdedanse.over-blog.com"
Remarquez le ton incisif de mon message ;-).
A peine trois heures plus tard, je reçois cette réponse remarquablement circonstanciée :
"Bonjour,
Malheureusement il n’est pas prévu de proposer en Vidéo à la Demande dans un avenir proche le documentaire que vous évoquez. L’offre que nous proposons est dépendante des accords que nous passons avec les ayants droit et ce documentaire n’en fait pas partie actuellement. Cette offre s’enrichira néanmoins au fil du temps. Aussi, nous vous conseillons de consulter régulièrement notre site pour être informé des dernières nouveautés.
Bien cordialement.
L’équipe d’ARTEVOD."
Pourquoi tant de mépris de la danse ? Consolons-nous en constatant que nos amis Anglo-saxons, comme le Great Dance Weblog (plein de réflexions et de conseils pratiques sur la façon de montrer et de diffuser la danse sur Internet, soit dit en passant), se posent exactement la même question.