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8 décembre 2008 1 08 /12 /décembre /2008 14:26

Pascal Rambert, Libido sciendi (dessin de François Olislaeger)


Avec Libido sciendi (littéralement "désir de connaître"), Pascal Rambert reprend le ballet classique au point où le XIXe siècle l'avait laissé. Il en extrait l'instant crucial de l'échange amoureux pour faire pièce à part entière.

Tout commence, après déshabillage, par un long baiser du couple nu.
Il y a représentation, non accomplissement. Rambert s'inscrit parfaitement dans l'héritage classique. Il représente un coït archétypal, idéalisé. Elle et lui (émouvants Ikue Nakagawa et Lorenzo De Angelis, qu'il faut saluer) sont jeunes et beaux, leur élan pur et simple, l'acte sans autres accidents que ceux que dicte la nature.
Rambert illustre les thèmes convenus de l'union amoureuse. La sacralité de l'acte. L'enchaînement. L'enchevêtrement. L'unisson. La symétrie. La réciprocité. L'érotisme des cheveux.  La communication avec le cosmos que la grande salle vide, surdimensionnée pour une scène intime, peut symboliser. La douceur la violence, la tension le relâchement, la pudeur l'abandon.
(Au fond, tout l'acte sexuel n'est qu'un jeu de balance entre retenir et lâcher, une illustration de l'attraction universelle.)


Pascal Rambert, Libido sciendi (dessin de François Olislaeger)


Rambert ne renonce pas non plus à la métaphore chorégraphique, comme de jolis portés d'agneau. Il y a des courses de sauts naïfs, des gestes d'exclamation ou d'orants, des yeux levés vers un ciel indéfini, très mystérieux. Rambert tente cependant de pousser plus loin le naturalisme, presque absent du ballet classique, en montrant les jeux de mains, de langue, de nez. La plus belle scène mêle les deux genres : debout, elle fait aller et venir le sexe de son partenaire dans sa main, tandis qu'elle-même effectue un pudique mouvement de balancier, tête renversée, proprement chorégraphique. L'effet est empreint de douceur, de sensualité, de paix.


Pascal Rambert, Libido sciendi (dessin de François Olislaeger)



Dans Libido sciendi, tout est délicatesse et simplicité. Certaines intentions de Rambert sont clairement affichées : les deux interprètes sortent du public et reviennent à lui, même s'ils finissent par s'en extraire pour saluer. Ils font partie de nous. C'est eux qui allument et éteignent les lumières qui éclairent le duo. Ils n'ont rien à cacher, semblent dire ces grands néons cliniques, et la lumière est la condition de la connaissance. Pour autant, ce n'est pas ce que Libido sciendi me semble clamer vraiment.
La salle haute de la Ménagerie de verre, splendide grande boîte rectangulaire coiffée d'une charpente métallique minimaliste, typique de la fin du XIXe siècle, offre un éclairage zénithal, une bande vitrée de ciel bleu-rose. Libido sciendi serait aussi très beau sous la lune.


Pascal Rambert, Libido sciendi (dessin de François Olislaeger)



Libido sciendi, de Pascal Rambert, a été donné à la Ménagerie de verre dans le cadre du festival Les Inaccoutumés les 22, 29 novembre et 6 décembre 2008.

Un grand merci à François Olislaeger, dessinateur, auteur de plusieurs albums, qui a l'excellente idée de dessiner pendant les spectacles, me donnant presque envie de poser mon appareil photo de temps en temps. Il a déjà sévi au festival d'Avignon en 2005 et 2008 et a commencé une série sur la danse contemporaine depuis peu, qu'il ne faut absolument pas manquer. On en redemande !
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1 décembre 2008 1 01 /12 /décembre /2008 15:43

Gentiment laminée par Pascal Bély, crucifiée par Rosita Boisseau, la Pâquerette de François Chaignaud et de Cecilia Bengolea restera-t-elle dans les annales ? Les critiques sont d'ores et déjà divisés. Dominique Frétard dans le Monde 2, entre autres, signe un papier beaucoup plus favorable à cette audacieuse entreprise, et Guy Degeorges se montre bienveillant.


Rappelons-en le concept. Pâquerette fait un clin d'oeil à un obscur livret écrit par Théophile Gautier pour un ballet-pantomime d'Arthur Saint-Léon (1851), sans entretenir aucun autre rapport avec lui.

Toute la pièce repose sur l'utilisation dans la danse de l'anus et de sa pénétration, à l'aide des doigts ou d'un godemichet. L'idée est nouvelle et ne manque pas d'intérêt. Cette intromission est source de sensations et de contraintes singulières pour le danseur, et de plaisirs et de douleurs d'ordre plus sexuel que l'exercice des autres parties du corps traditionnellement mises en jeu dans la danse.

Pour autant, la mise en scène des orifices corporels (la bouche mise à part qui, comme élément du visage, est un organe essentiel de l'expression humaine) relève de la gageure. Le corps a beau être nu, ses trous sont trop petits, trop figés pour être, à proprement parler, spectaculaires. A l'usage, cette pénétration ne semble donc pas modifier fondamentalement le geste dansé. Dans Pâquerette, il se révèle même plutôt banal, approximatif, mollasson, malgré quelques sauts vigoureux qui atteignent presque le plafond (très bas) de la salle de la Ménagerie de verre. Du point de vue du spectateur, le porté nouvelle manière ne diffère de l'ancien que dans le détail.


Cette discrétion foncière oblige les deux interprètes à surjouer, à grands renforts de râles et de grimaces extatiques. Ceci est particulièrement vrai dans la première partie, conçue littéralement comme une lente introduction, où les danseurs assis se présentent couverts, parés et grimés comme de nouveaux époux, yeux délicatement révulsés, comme les mystiques du Grand Siècle. Du coup, la performance manque de naturel, flirte avec le bouffon, invitant le public à rire (ce qu'il fait de bon coeur).


Bref, Pâquerette laisse un sentiment d'artificiel et d'inabouti, d'exercice de style un peu vain. Certes, comment aller plus loin, développer un tel concept, le rendre plus perceptible ? Le mérite de la pièce reste sans doute d'ouvrir, par son esprit bon enfant (car elle ne donne pas dans la provocation ni dans l'agression gratuite), la voie à de nouvelles expériences, et d'introduire le sexe dans la danse de manière plus directe et décomplexée. A voir le public qui squattait le premier rang - encadrant un vieux couple bourgeois en mal de perversion, une brochette de voyeurs patibulaires - il reste beaucoup à faire dans ce domaine...


Malgré la déception, j'accorde donc sans regret à François Chaignaud et à Cecilia Bengolea le bénéfice de la candeur. Et je pardonne beaucoup à Cecilia Bengolea qui, dans une interview, déclare s'inspirer d'Isadora Duncan et de sa révolutionnaire liberté. Elle n'a pas tort.


Pâquerette, de François Chaignaud et Cecilia Bengolea, a été donné à la Ménagerie de verre du 25 au 27 novembre 2008 dans le cadre du festival les Inaccoutumés. Pour les anglophones, une interview d'une demie-heure enregistrée à Berlin est disponible en mp3.

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17 novembre 2008 1 17 /11 /novembre /2008 12:36
Tatsumi Hijikata (1928-1986), père du butô, est scandaleusement ignoré en France. Son art prête d'ailleurs trop souvent à caricature : des danseurs nus tous blancs, décrépis, grimaçants, comme pris de crampes d'estomac à force de scruter leur paysage intérieur, voilà les clichés que les interprètes butô véhiculent souvent eux-mêmes. Hijikata vaut pourtant bien mieux que cela.

Aussi ne peut-on savoir trop gré à Boris Charmatz de lui rendre hommage avec la Danseuse malade ; et de rendre hommage non seulement au danseur, mais à l'écrivain, qui est une découverte totale. Par la voix de la comédienne Jeanne Balibar, Charmatz nous fait entendre des textes flamboyants, dont on reste sidéré d'apprendre qu'ils sont encore inédits par chez nous. Il faut les publier de toute urgence. Quels sont au juste ces textes, poèmes, interviews, on ne le saura d'ailleurs pas. Autobiographiques, ils font parler l'enfant des années 1930, poussant tant bien que mal dans le mâle Japon, observateur acéré des enfants et des chiens ; des enfants maltraités par les adultes, des chiens maltraités par les enfants ; des adultes abrutis par le travail des champs ou de l'usine. Un peu comme Cioran, Hijikata fait l'éloge de la faiblesse, se voyant bien mieux à terre que sur un piédestal. Mais Hijikata ajoute à Cioran une note franchement masochiste ; à la terre il préfère la boue. Pour lui, l'expérience de la faiblesse, et plus encore de la souffrance physique, est un instrument de connaissance. "Je suis né de la gadoue" : c'est le départ, dit-il, de sa danse. La danseuse malade, c'est lui.

La Danseuse malade n'est pas du butô. Nous sommes loin de son dérangeant exotisme, même si Charmatz a pris soin d'en citer certains traits esthétiques avec humour : on verra donc Jeanne et Boris à demi-nus, couverts de poudre, mi-hagards, mi-explosés (parfois littéralement), comme au sortir d'une très sale nuit. La nuit, précisément, dans laquelle Charmatz plonge l'action, deux phares pour toute lumière. La nuit, son calme, allument l'âme soudain isolée. L'absence de lumière, l'obscur, engendre la lucidité. "Il n'y a plus d'obscurité dans notre vie", regrette Hijikata. Parole prophétique ! Voyez comme nos édiles aiment éclairer leurs villes, ne par leur laisser la moindre part d'ombre ; on ne saurait mieux les dépoétiser. Et de la ville à l'homme, il y a peu.

Comme dans Régi, une machine impressionne les pupilles et le coeur des premiers rangs (c'est assurément là qu'il faut se situer pour voir la Danseuse malade). Ici c'est un camion mu, perfusé par un gros pholcus qui pend à une toile d'acier. Un camion boîte, avec ses à-coups, ses déports, ses emballements. Un de ces camions blancs qui transportent des carcasses. Car sur scène comme dans l'univers d'Hijikata, on découpe, on arrache, on écorche (la scène), en tablier de poissonnier. Tatsumi se voyait en boîte vide, la voilà. Un dispositif vidéo, pour une fois - c'est rare - tout à fait pertinent, fait de ce camion un objet transparent sur lequel vous fixent des yeux en cul de poule. Simple et troublant.

Tout au long, Charmatz s'efface devant le texte d'Hijikata, faisant preuve de sobriété et d'une grande finesse. D'aucuns diront trop de sobriété, pas assez de danse, trop de texte dit ; que certains effets font un peu toc, comme ce chien qui attaque Charmatz avec tellement de gentillesse qu'on brûle de lui jeter des croquettes. Qu'importe. Le danseur a rencontré la diseuse ; Charmatz est allé vers le théâtre, Balibar vers la danse, chacun vers l'art de l'autre avec fragilité, une maladresse qui fait mouche. Charmatz est toujours beau comme un dieu grec ; Balibar sensuelle quand elle se glisse écartelée sous son camion ; rauque avec sa voix râleuse de sibylle.

Voilà donc le butô brillamment expliqué, ou entrouvert à l'Européen par son maître même. Européen qui a bien besoin de cette séance de rattrapage, car le public du Théâtre de la Ville applaudit mollement - comme Rosita Boisseau qui, visiblement malade elle aussi, n'a pas réussi à comprendre les textes d'Hijikata (!). Non que ce spectacle soit moyen, mais parce que ce public est mou. Eh bien, qu'il me donne Charmatz, je lui laisse Platel et Preljocaj.

La Danseuse malade, de et par Jeanne Balibar et Boris Charmatz, a été donné au Théâtre de la Ville du 12 au 15 novembre 2008. Il était temps que Charmatz revienne au Théâtre de la Ville, où il n'a jusqu'ici été invité qu'une fois, en 2002 !
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29 octobre 2008 3 29 /10 /octobre /2008 21:21

Abou Lagraa, D'Eux sens (cl. Laurent Paillier)

Sous ce titre alambiqué, Abou Lagraa vient de créer à la Biennale de Lyon une oeuvre dont le caractère intime, intimiste, rompt avec ses précédentes créations. Il s'agit d'un duo avec sa femme Nawal récemment épousée. C'était la première fois que j'assistais à un spectacle d'Abou Lagraa, à l'invitation de la fondation BNP Paribas, son célèbre mécène.

Abou Lagraa et sa compagne ont eu à coeur de partager leur joie amoureuse au plus près du public, comme une confession à haute voix ; amour aussi de la culture musulmane (il est d'origine algérienne, elle est marocaine) par le biais de chants soufis et de poèmes persans. Mais leur danse, à la fois puissante et déliée, est si parfaitement maîtrisée, tellement élégante, ornée, virtuose, qu'elle tue toute émotion - la mienne en tout cas - et me laisse sur le bord du chemin. C'est leur histoire, pas la mienne. Le public, lui, apprécie fort.

En conférence de presse, Abou Lagraa a justifié l'inscription de sa pièce dans la Biennale, dont le thème cette année était "Retour en avant", par sa recherche du mouvement, son exigence de physicalité et de technicité. Par ailleurs, tout en disant travailler à unir dans son oeuvre Orient et Occident, il a revendiqué sa double appartenance à la culture maghrébine et à la religion musulmane : "en tant que musulman, je crois que la danse est créée par Dieu". "L'Islam est une religion magnifique", a-t-il ajouté, tout en déclarant haut et fort boire de l'alcool et manger du porc, et que ceci n'était pas incompatible avec elle. Du reste, Abou Lagraa ne cache pas ses ambitions : "j'aimerais avoir un centre chorégraphique, mais ce n'est pas encore le cas".

D'Eux sens, d'Abou Lagraa, a été créé à la Biennale danse de Lyon les 24-27 septembre 2008. Voir aussi les photographies - non contractuelles ! - réalisées par Eric Boudet, et la critique de Nicolas Villodre.



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25 octobre 2008 6 25 /10 /octobre /2008 22:25
Assurément, la dernière pièce d'Alain Platel inspire plus de pitié que de passion.
Quand le grand Adolphe (Jean-Marc) annonce du sexe dans une feuille de salle, il faut s'attendre à ce que le spectacle soit mauvais. On n'a pas été déçu.

L'arithmétique est une science cruelle. Avec Pitié !, Alain Platel réédite Vsprs, version bifluorée. Il y met plus de pirouettes, plus de gueules béantes, plus d'hystéries, plus de grimaces d'handicapés mentaux, plus de cris et de gémissements, plus de couleurs, plus de danseurs, plus de chanteurs, plus de musiciens ; mais aussi, hélas, beaucoup, beaucoup, beaucoup plus d'ennui et d'à peu près. Bref, plus de tout. Et pourtant, le résultat est proche de zéro. Malgré la qualité, indéniable, de l'ensemble des interprètes.
C'est le syndrome du regrettable Bazar du homard de Jan Lauwers : comme ce dernier, Alain Platel a voulu nous resservir une pièce à succès. Il a fait pareil en plus, nous refaisant même le coup de la musique vieille radjeunie (cette fois la Passion selon saint Matthieu de Bach, toujours par Fabrizio Cassol). Mais la sauce ne prend plus, elle tourne. Et ce malgré quelques nouveaux ingrédients improbables conçus pour la rallonger, comme les figures de kamasutra (vues chez Gilles Jobin, Kataline Patkaï...) et, pire encore, le baissage de froc accroupi (pour dire sans doute, comme dirait mon ami Guy, l'étron qui ne vient pas ? Ô constipation pathétique !)

Etirée de surcroît sur deux bonnes heures, la pièce laisse impitoyablement le temps de bien considérer toutes ses répétitions, toutes ses ficelles, toute son inconsistance. Car c'est cela qui choque le plus : l'impression très inconfortable qu'Alain Platel n'a strictement rien à dire. Sa pitié est abstraite, gratuite, décorative. Aucune urgence ne paraît la justifier, sinon celle de faire vivre une compagnie. La compagnie y trouve certainement son compte, mais le public...

Qu'en disent les professionnels de la culture ? Pour eux, c'est du tout bon, courez-y ! Témoin Rosita Boisseau dans Le Monde, ou Philippe Noisette qui tire à la ligne dans les Echos. Mais pour qui sait lire le Jean-Marc Adolphe (feuille de salle) dans le texte, il n'est pas difficile de comprendre que ce dernier, malgré son obligation d'être publicitaire, ne cache pas ses réserves : "Alain Platel... fait son Platel. Mais sans trop se répéter... Platel aussi, sans doute moins impétueux qu'au temps de Bonjour Madame..."

Pitié !, d'Alain Platel, est donné au Théâtre de la Ville du  21 au 29 octobre 2008.
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22 octobre 2008 3 22 /10 /octobre /2008 09:29

Stanislaw Wisniewski, Okno (cl. Jérôme Delatour - Images de danse)

La compagnie Stanislaw Wisniewski a connu un certain succès au festival d'Avignon en 2006 avec le solo Le monde septembrisait en octobrisant lentement vers novembre (que les Parisiens pourront découvrir à Artdanthé le 21 janvier prochain). Elle revient avec un nouveau projet, Okno, interprété par Cécile Pégaz et Ryszard Kalinowski. Okno, en polonais, veut dire fenêtre. Il est question de la télévision. Devant elle les interprètes d'Okno exécutent un mystérieux rituel circulaire, discrètement obsessionnel, de fascination. D'adoration peut-être. Sur le poste allumé passe, entend-on, Décalogue 1 de Kieslowski, un compatriote. Décalogue 1 illustre le premier commandement de Dieu, dans sa version catholique : "un seul dieu tu adoreras".

Stanislaw Wisniewski, Okno (cl. Jérôme Delatour - Images de danse)

Partant du fond de scène, en procession dansée jusqu'à cet escarbot noir et fluorescent qui nous tourne le dos, ils marquent une pose devant lui, pour repartir et revenir varier leur procession. Parfois inexpressifs, parfois non. Sont-ils en couple, moralement avachis sur un canapé invisible ? Oui et non. Elle menue, lui colosse, Adam et Eve un peu distants, mais pas vraiment apathiques, peut-être même attentifs, juste un peu aveugles à nous. Hypnotisés peut-être, programmés, vidés de sentiments comme leurs sous-vêtements de leurs couleurs, sucés par le petit écran. Puis à coups de néon, ils se la jouent Star Wars comme un prépubère en chambre.

Stanislaw Wisniewski, Okno (cl. Jérôme Delatour - Images de danse)

Il ne s'agit certainement pas de dénoncer la télé. La télé - quel sujet étrangement inactuel d'ailleurs ; et cet imposant poste nous rappelle à des temps antédiluviens. Nostalgie polonaise ? La télé elle-même fait déjà presque partie du passé. L'essentiel se joue désormais ailleurs, et sur un mode bien différent - le leitmotiv actuel, un peu forcé il est vrai, étant que le téléspectateur n'est plus passif devant un programme qu'il doit ingurgiter du début à la fin, ni même zappeur surfant pour contrarier ce déprimant destin, mais un homo consommaticus déterminant librement ses programmes, le temps et le lieu de leur consommation.

Stanislaw Wisniewski, Okno (cl. Jérôme Delatour - Images de danse)

Pourquoi, du reste, Cécile Pégaz revêt-elle soudain d'antiques patins à glace ? Mystère. Tout cela est un peu hermétique. Reste deux danseurs beaux et attachants, une danse gracieuse, traversée de gestes sémaphoriques, qui se laisse regarder.

Okno, de Stanislaw Wisniewski, a été donné en avant-première à Micadanses le 30 septembre 2008 puis du 6 au 18 octobre 2008 au centre culturel Charlie Chaplin de Vaulx-en-Velin, qui diffuse un petit dossier de présentation bien fait sur la pièce.

Retrouvez ici Okno en images
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21 octobre 2008 2 21 /10 /octobre /2008 14:16
Anna Halprin-Anne Collod, Parades and Changes, Replays (cl. Jérôme Delatour - Images de danse)
Les années soixante ne sont pas mortes, je les ai rencontrées. Au centre Pompidou, à la générale de Parades and Changes, le 23 septembre dernier. C'était beau, c'était simple, presque enfantin.

Changes. Je ne décrirai pas cette pièce mythique, d'autres l'ont très bien fait avant moi. Je conseillerai plutôt l'achat séance tenante du livre-interview de Jacqueline Caux 1, où quelques sublimes photos noir et blanc (p. 50, 74, 94...) tiennent la dragée haute à l'apprenti photographe que je suis. Rappelons seulement que, donnée par Anna Halprin aux Etats-Unis en 1965 (mais des éléments en avaient été montrés en Suède peu auparavant), elle n'y a été remontée pour la première fois que trente ans plus tard, et que sa quatrième représentation mondiale n'eut lieu qu'en 2004, pour le festival d'Automne. Et suggérons tout de suite que, contrairement à ce qu'on lit partout, ce n'est pas seulement la nudité qui la rendit si longtemps invisible aux Etats-Unis, bien d'autres pièces d'Anna Halprin, incluant des danseurs nus, ayant tourné par la suite sur le sol américain ; et qu'il faudrait se garder d'en tirer des conclusions hâtives sur la pruderie américaine, puisque aussi bien Parades and Changes n'a pas davantage tourné dans le reste du monde.

Anna Halprin-Anne Collod, Parades and Changes, Replays
(cl. Jérôme Delatour - Images de danse)

Tout aussi déroutant pour les spectateurs et les critiques d'alors était le caractère chaotique, aléatoire, non dansé des pièces d'Anna Halprin ; ce qui la fit très vite passer pour le John Cage de la danse. Si Parades and Changes n'a pas été jouée davantage, sans doute est-ce aussi parce qu'Anna Halprin passa très vite à autre chose, dans son désir incessant de changement. Ce désir baigne Parades and Changes, pièce modulaire, multiforme, circulatoire, dont chaque représentation est différente (mais qu'on reconnaîtrait entre mille) ; pièce aérée, si j'ose dire, tout de légèreté dynamique. Sur le plateau ouvert, les interprètes entrent et sortent sans interruption, montent dans les gradins, installent, déplacent ; et leur corps lui-même est une scène au décor toujours changeant. Depuis sa création, les corps bien sûr, mais les accessoires, la musique ont changé. Les "Je me souviens" de Pérec qui ouvrent la version 2008 sont une nouveauté. La fameuse Paper Dance elle-même, emblématique de Parades and Changes, ne fut que le fruit des circonstances - l'initiative impromptue du sculpteur Charles Ross - et la nudité, qui n'était pas un postulat de départ, en découla, car le papier venait naturellement envelopper les corps. Ainsi donc l'esprit de la pièce survit dans son mouvement perpétuel plutôt que dans ses objets. Un joyeux déni de mort.

Anna Halprin-Anne Collod, Parades and Changes, Replays (cl. Jérôme Delatour - Images de danse)

Parades. Selon le célèbre principe des tasks et scores mis au point par Anna Halprin, les interprètes improvisent ensemble au sein d'activités imposées. Ainsi conçue comme une activité commune et partagée, la danse devient rite. "Je ne donne évidemment pas à ce mot un sens religieux", explique Anna Halprin. "J'utilise ce mot dans son sens très ancien, celui qui signifiait que la danse était totalement associée à la vie d'un groupe humain" (op. cit., p. 124). Le rite est un leitmotiv de l'oeuvre d'Anna Halprin. Parades and Changes reprenait elle-même des éléments de Procession, créé en 1964. De 1971 à 1998, Anna Halprin a créé 6 pièces autour du rituel et de la célébration 2.
La parade est procession ; le jeu et le déguisement sont des rituels. Le geste quotidien rejoint l'archaïque, l'archétypal. Et le sacré, même sans religion, peut surgir à chaque instant. Paré, le corps se fait hiératique. Dans Parades and Changes, Nuno Bizarro en pagne blanc devient un prêtre égyptien, Alain Buffard en chapska de fourrure semble un chamane préhistorique. Panier de robe au cou, Vera Mantero est promise. Par le rite de l'habillage d'autrui, Anna Halprin illustre le lien d'attention altruiste fondateur de toute société, traverse les cultures et les âges, et par là s'adresse à tous. En une image, fruit des hasards de la performance, me reviennent trois tableaux de Goya, trois scènes de vie quotidienne : Le Parasol (1778), L'Automne (1787-1788), la Jeune femme lisant une lettre (v. 1812-1814).
En mettant le rite à l'honneur, Anna Halprin fait oeuvre politique. Le partage du rite soude la communauté ; il s'accomplit dans l'innocence, la joie, la sérénité.

Anna Halprin-Anne Collod, Parades and Changes, Replays
(cl. Jérôme Delatour - Images de danse)

Ceci d'ailleurs n'interdit nullement le jeu ni l'humour (en slip, tee-shirt et casque oranges, Nuno Bizarroparaît sorti d'un clip des Village People ; tout à l'heure épouse, Vera Mantero se transforme en gnome à sabots velus, transfuge d'un tableau de Bosch...). Non plus que l'émotion esthétique, dont la pièce regorge. Les parades sont non seulement vivement colorées (après tout, il s'agit de parader), mais les amoncellements d'objets, les bandes de papier, la bâche plastique, les ballons, la peinture corporelle créent un univers plastique éphémère, sculptural, voire monumental.


Anna Halprin-Anne Collod, Parades and Changes, Replays
(cl. Jérôme Delatour - Images de danse)

Enfant des années 1970, je retrouve dans Parades and Changes ce goût primitiviste des masques, faits des déchets de notre société, que prônait alors la revue Jeunes années (1971->), diffusée dans les écoles. On l'aura compris : innocence, optimisme, communautarisme, Parades and Changes est une pièce tout à fait datée. Les objets n'y apparaissent pas encore comme le symbole d'une société de consommation écoeurante par ses excès, comme il est devenu commun dans la danse contemporaine ; ils sont support de jeu et de création. Si protestation il y a, elle est joyeuse, positive et communicative. Le miracle est que, malgré tout, Parades and Changes n'a pris aucune ride, que son optimisme fait du bien, que la pièce offre des éléments de réponse au désarroi que notre époque traverse.

Un regret cependant, ou un souhait pour l'avenir. Contrairement à l'origine, Parades and Changes est actuellement interprété par des danseurs reconnus (ajoutons aux précédemment cités Boaz Barkan, Anne Collod et DD Dorvillier), et la plupart ont une oeuvre de chorégraphe elle aussi reconnue. Ils sont tous formidables. Mais ce choix va-t-il dans le sens de la pièce ? Parfaitement réussie, la version 2008 de Parades and Changes pèche pourtant par excès de timidité, et semble donner tort à la performance de 1965. Rêvons d'une nouvelle recréation qui, plus qu'une simple reconstitution, abolirait spectacle et public, laissant à ce dernier le choix d'être spectateur... ou de participer. Alors enfin Parades and Changes révèlerait tout son sens. Rendez-vous en 2038 ?

A l'heure où je publie ces lignes, je découvre l'interview donné par Florence Dupont, professeur à Paris 7, dans le dernier numéro de Cassandre (25, automne 2008, p. 7-11). Le livre qu'elle a publié l'an dernier, Aristote ou le vampire du théâtre occidental, entre incidemment en résonnance avec les préoccupations d'Anna Halprin. Dans le monde gréco-romain, rappelle fort à propos Florence Dupont, le théâtre ne se concevait pas autrement que dans un cadre rituel et local. En codifiant l'art théâtral, la Poétique d'Aristote aurait rendu le théâtre plus facilement exportable, mais l'aurait coupé de ses origines rituelles, et par là aurait institué une barrière imperméable entre acteurs et public. Thèse discutable, mais vivifiante.

1. Anna Halprin à l'origine de la performance, Lyon, Panamamusées, 2006.
2. 1971, Initiations and Transformations and Animal Ritual ; 1977, Ritual and Celebration ; 1978, Male and Female Rituals ; 1979, Celebration of Life ; 1980, Search for Living Myths and Rituals through Dance and Environment ; 1998, Rituals on the Beach.

Parades and Changes, Replays, d'Anna Halprin et Anne Collod, a été donné au centre Pompidou du 24 au 27 septembre dans le cadre du festival d'Automne. Lire aussi la critique d'Un Soir ou un autre.
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25 septembre 2008 4 25 /09 /septembre /2008 13:46

Annie Vigier/Frank Apertet, X-Event 2.6 (cl. Jérôme Delatour / Imagesde danse)

Autant les acteurs d'X-Event 0 étaient cachés, autant ceux d'X-Event 2.6 sont manifestes. Avec leurs tee-shirts colorés à tête de Mickey post-moderne, difficile de ne pas les identifier. Pour autant, une fois encore, ceux qui seraient venus voir de la danse à Bétonsalon, nouveau lieu d'art contemporain du 13e arrondissement de Paris, en auront été pour leurs frais - encore que la représentation ait été gratuite. Pas de beau mouvement ici mais, comme dans X-Event 0, une réflexion sur le statut respectif des danseurs et du public. La consigne des danseurs est simple. Sur une musique évoquant une machine à laver coincée en cycle rinçage, juste agrémentée de quelques poussées de voix de baryton, déambuler dans l'espace d'exposition et au dehors, jusqu'aux confins des spectateurs et au-delà, le passant étant amené à devenir malgré lui témoin, voire acteur de la performance. S'assembler, au gré du hasard, aux autres danseurs ; s'approcher au plus près des spectateurs, le regard généralement perdu au loin, parfois fixant l'autre, mais absent - une manière d'être plutôt à côté qu'avec, comme des anges gardiens volages. Laisser le temps s'étirer (l'action dure quatre heures et pourrait continuer à l'infini), de sorte qu'il n'y ait pas de spectacle, mais un moment de partage d'espace sans événement, comme une invitation à quitter notre vie trépidante et à prendre son temps.

Annie Vigier/Frank Apertet, X-Event 2.6 (cl. Jérôme Delatour / Imagesde danse)

Parfois les danseurs, toujours silencieux, provoquent le passant en se couchant devant lui. La tentation est grande de les provoquer en retour. Ils ne diffèrent pas beaucoup de nous : ils marchent, ils vont et viennent, regardent par la fenêtre pensifs, s'assoient, s'accoudent, s'agenouillent, s'allongent, se relèvent, font une pause. Mais ils ont un costume qui nous avertit qu'ils remplissent une mission spéciale et qu'on serait mal avisé de les toucher ou de leur adresser la parole. Je regrette d'ailleurs de ne l'avoir pas fait. Y sont-ils préparés ? Comment improviseraient-ils sur cet accident ? Malgré tout, ce long jeu de déambulations et de regards fuyants crée une connivence, une empathie réciproque. Pour les danseurs, c'est le jeu du je te tiens par la barbichette, et il y aura quelques sourires étouffés. Car enfin ils sont si proches de nous, à tous les sens du terme, ils jouent un rôle et le savent bien.

Annie Vigier/Frank Apertet, X-Event 2.6 (cl. Jérôme Delatour / Imagesde danse)

Pour le photographe, X-Event 2.6 est un pain béni, et certains s'en donnent à coeur joie. Ils peuvent s'approcher ou s'éloigner à leur aise, se baisser, accompagner vraiment les danseurs dans leurs mouvements (pour une fois qu'ils ne sont pas cloués sur un siège). Bien difficile, en revanche, de rendre en photographie les enjeux de la pièce : faire voir les interactions entre public et danseurs, alors qu'ils sont disséminés dans l'espace, mêlés à des groupes de statut divers, passifs ou actifs par rapport à la performance. Le risque est grand de se complaire en de jolis portraits - et X-Event 2.6 fait d'excellentes photos de mode.

Annie Vigier/Frank Apertet, X-Event 2.6 (cl. Jérôme Delatour / Imagesde danse)

Reste une chose que je ne m'explique pas : X-Event 2.6 est sous-titré "d'après le protocole 'le goût'". Où est ce goût et quel est ce protocole ?


X-Event 2.6, d'Annie Vigier et Frank Apertet (les Gens d'Uterpan), a été donné du 16 au 21 septembre 2008 dans le cadre de Playtime, projet conçu pour l'ouverture de Bétonsalon, à Paris.

Retrouvez ici X-Event 2.6 en images
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1 septembre 2008 1 01 /09 /septembre /2008 12:23

Gyohei Zaitsu (cl. Jérôme Delatour / Images de danse)

Dans le vide sidéral du mois d'août parisien, Gyohei Zaitsu se fait tout seul son festival.

Cela fait quelque temps qu'il ne se promène plus dans Paris sans avoir l'oeil en aguêt, en repérage. Voici un carrefour intéressant. Et là un grand escalier. Oh ! une poubelle prometteuse... De mois en mois, Gyohei Zaitsu trace sa carte de Paris.

Gyohei Zaitsu (cl. Jérôme Delatour / Images de danse)

Aujourd'hui c'est cinéma, entre Atmosphère et hôtel du Nord, à l'heure du goûter. A petits pas japonais, il arrive dans son survêt troué. Gardienne et groupie, la discrète Maki Watanabé, danseuse elle aussi, l'accompagne. On dirait une étudiante. Le pont ne les intéresse pas. Sur les bords du canal Saint-Martin, c'est le mini-square assombri par les hauts marronniers, les tables de ping-pong en ciment, la fontaine en fonte, le grillage, le toboggan qui feront son terrain de jeu.

Gyohei Zaitsu (cl. Jérôme Delatour / Images de danse)

Comme d'habitude, Gyohei a prévenu ses fidèles par mail. Ils ne sont pas nombreux aujourd'hui, malgré le temps radieux. Qu'importe. Le badaud fait aussi bien l'affaire. Les Mexicains au portable, le désespéré à la bière, le photographe du dimanche, la danseuse amatrice, le petit enfant au ballon, pas rassuré.

Avec mon gros appareil photo, je passe pour un initié. Une dame me questionne. Elle pense que Gyohei exprime la souffrance. Elle est loin d'imaginer qu'il exprime surtout la légèreté, la liberté. Elle ne voit pas la gaîté dans la grimace. La jubilation de prendre la ville à bras le corps, de jouer avec ses habitants, ses congénères, de rompre un instant notre glace.

Gyohei Zaitsu (cl. Jérôme Delatour / Images de danse)

Gyohei, c'est aussi une gueule. Et avec Maki, ce sont deux vraies figures du Paris vivant, de celles qui l'habitent quand les bourgeois l'ont désertée.
Gyohei ne propose pas un spectacle, encore moins un spectacle de rue. Tant mieux !

Gyohei Zaitsu (cl. Jérôme Delatour / Images de danse)

Gyohei Zaitsu dirige également des "ateliers de recherche de la danse buto à Paris" : les quatre prochains auront lieu samedi 13, dimanche 14, samedi 20 et dimanche 21 septembre 2008 de 12 à 18 h au studio Albatros, salle Volcof (à côté du bar), 52, rue Sergent Bobillot à Montreuil (métro Croix de Chavaux). Participation : 20 euros par séance. Renseignements : tél. 06 84 90 74 87.

Retrouvez ici Gyohei Zaitsu en images

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7 juillet 2008 1 07 /07 /juillet /2008 12:00
Un mois et demi après la représentation de Travelogue au Théâtre de la Ville, j'aurais du mal à parler de cette pièce en détail. Je ne devrais jamais laisser le temps passer. D'un autre côté, après ce temps, il ne m'en reste que l'essentiel, et c'est peut-être bien. Je retiens un départ rougeoyant, expressionniste, qui ne sera pas développé. Le fameux tango de bravoure dont tout le monde parle, même dansé par Sasha Waltz herself, ne me paraît pas d'un grand intérêt. Une chose surtout me frappe. Les commentateurs ont coutume de replacer cette pièce dans le contexte de sa création : Berlin, 1993, c'est-à-dire quatre ans après la chute du Mur, et d'en conclure même qu'elle est datée. Mais ce n'est pas une pièce sur l'ancienne RDA. Et, si elle a ses petits côtés Pina Bausch des années 1980 ou Petit Bal de Decouflé, elle a aussi quelque chose d'intemporel.

Travelogue est un néologisme qui désigne un journal de voyage. Mais, précisément, il n'y a pas de voyage dans Travelogue. C'est un poème de l'enfermement.
Ce qui transparaît avec force dans Travelogue, c'est à quel point le monde des objets, et particulièrement celui que nous avons élaboré dans nos villes, et que nous y élaborons sans cesse plus méticuleusement, plus étroitement, nous conditionne. Que nos gestes soient un peu exagérés, répétés artificiellement, et l'on s'aperçoit que la chaise nous assied, que le lit nous couche, que la porte nous ouvre et nous ferme, que le frigo nous conserve, que la table nous appelle à soi. Ces objets, aussi symboliques que fonctionnels, nous dictent nos mouvements, nous désignent des voies toutes tracées, des espaces d'affrontement. Et les écouteurs distillateurs de pop et de variété, qui remplissent nos têtes de promesses d'évasion, ne font que nous boucher les oreilles.
Notre liberté citadine est un leurre. Un appartement est un théâtre avec ses entrées et ses sorties, ses actes bien huilés, un temple avec ses rites et ses cérémonies.
Les protagonistes de ce huis-clos terrible sont jeunes, mais on les voit très bien vieux, accomplir les mêmes gestes, ou accomplis par les mêmes objets, comme les Vieux de Brel : "leur monde est trop petit // Du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit".

Travelogue fut la première pièce de Sasha Waltz, et peut-être la plus essentielle. La voyant, et voyant les commandes prestigieuses que Sasha Waltz accepte depuis son départ de la Schaubühne (Didon et Enée, Médée, Roméo et Juliette), je crains fort qu'elle s'empêtre dans les pièges de l'académisme doré, dépouillé de tout enjeu social et politique - un peu comme Marie Chouinard ou Robyn Orlin.

♥♥♥♥♥ Travelogue, de Sasha Waltz, a été donné au Théâtre de la Ville du 20 au 24 mai 2008.
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Articles RÉCents

Festivals & cies

Quelques festivals...


Hiver


Artdanthé (Vanves, entre novembre et mars)
Faits d'Hiver (Île-de-France, janvier)
Tanztage Berlin (janvier)
SzólóDuó Tánc Nemzetközi Fesztivál (Budapest)
Escena contemporanea (Madrid, janvier-février)
Vivat la danse ! (Armentières, février)
Tanzplattform (février, Allemagne)  
DañsFabrik (Brest, février-mars)
Les Hivernales d'Avignon (Avignon, février-mars)
Tanz Bremen (Brème, mars)
Les Repérages (Lille, mars)
Biennale nationale de danse du Val-de-Marne (mars-avril)

Printemps


Biennale de danse de Charleroi (mars-mai)
Freedance
(Dniepropetrovsk, Ukraine, avril)
Brasil Move Berlim (Berlin, avril)

Springdance (Utrecht, avril)
La danse de tous les sens (Falaise, mai)

Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis (Île-de-France, mai-juin)

Festival TransAmériques (Montréal, mai-juin)
Tanec Praha
(Prague, juin)
Dance Week Festival (Zagreb, juin)
Uzès Danse
(Uzès, juin)
Latitudes contemporaines (Lille, juin)
Alkantara festival (juin)
Zawirowania (Varsovie, juin)

Eté


Festival de Marseille (juin-juillet)

Montpellier danse (Montpellier, juin-juillet)
Festival d'Avignon (Avignon, juillet)
L'Eté des Hivernales (Avignon, juillet)
ImPulsTanz (Vienne, juillet-août)
Paris quartier d'été (Paris, juillet-août)
Internationale Tanzmesse nrw (Düsseldorf, août)
Tanz im August (Berlin, août-septembre)

Automne


Biennale de la danse (Lyon, septembre)

Le Temps d'aimer (Biarritz, septembre)
Plastique Danse Flore (Versailles, septembre)
Dansem (Marseille, septembre-octobre)
Sidance (Séoul, septembre-octobre)
iDans (Istanbul, septembre-octobre)

Ciało/Umysł (Varsovie, septembre-octobre)
Festival d'Automne (Paris, septembre-décembre)
Les Eclats chorégraphiques (Poitou-Charentes, octobre)
Tanzhautnah (Cologne, octobre)
123Tanz (Hall, Autriche, octobre)
Tanztendenzen (Greifswald, octobre)
Bøf (Budapest, octobre)
Panorama de dança (Rio de Janeiro, octobre-novembre)
Dance (Munich, octobre-novembre)
Fest mit Pina (Allemagne, novembre)
Euro Scene Leipzig (novembre)
Les Inaccoutumés (Paris, novembre-décembre)
Decemberdance (Bruges, décembre)

Dates variables


DatanzDa (Zürich)
Les Grandes traversées (Bordeaux)
Ikonoclaste (Wuppertal)
Junge hunde (Kanonhallen, Danemark)



... & compagnies


cie l'Abrupt (Alban Richard) VID
Absolutamente (Jesus Sevari)
AIME (Julie Nioche)
Aitana Cordero VID
Alias (Guilherme Botelho)
Ann Liv Young DVD
Anna Halprin
Ann van den Broek VID
cie Ariadone (Carlotta Ikeda) VID
Arthur Kuggeleyn + Co.
As Palavras (Claudio Bernardo) VID
Association Achles (David Wampach) VID
Association Edna
(Boris Charmatz)
cie Caterina Sagna VID
cie Cave canem (Philippes Combes) VID
cie Christine Le Berre
cie C.Loy (Cécile Loyer) VID
Corps indice (Isabelle Choinière) VID
cie Dans.Kias (Saskia Hölbling) DVD
cie DCA (Philippe Decouflé) VID
Deja donne
(Lenka Flory et Simone Sandroni) VID
Digital Video Dance Art (Iker Gómez) VID
Dorky Park (Constanza Macras) VID
Editta Braun Company VID
Erna Omarsdottir VID
cie Felix Ruckert
Les Gens d'Uterpan (Annie Vigier/Franck Apertet)
cie Gilles Jobin DVD VID
cie Greffe (Cindy van Acker)
Groupe Noces (Florence Bernad) VID
Hors Commerce (Hélène Cathala) VID
cie Isabelle Schad
Jeremy Wade
cie Jocelyne Danchik VID
cie Jours tranquilles (Fabrice Gorgerat)
cie Kataline Patkaï
Katharina Vogel VID
Kekäläinen & Company
cie Krisztina de Châtel DVD
Kwaad bloed vzw
(Charlotte vanden Eynde & Ugo Dehaes)
L1 danceLab (collectif hongrois)
La BaZooKa VID
La Ribot DVD
La Ventura et cie (Anna Ventura) VID
La Zampa (Magali Milian-Romuald Luydlin) VID -> photos
cie L'Explose (Tino Fernández)

cie Li-Luo (Camille Mutel) VID
Liquid Loft (Chris Haring) VID
Marcela Levi VID
cie Marie Chouinard
VID
Márta Ladjánszki VID
Mette Ingvartsen VID
MHKArt (Meryt-Halda Khan) VID
Michèle Noiret VID
Mossoux-Bonté DVD VID
Niko Raes VID
Olga Pona VID
cie Pal Frenak
Perrine Valli
Pé Vermeersch VID
cie Philippe Saire
cie Post-Retroguardia (Paco Dècina)
Quasi Stellar (Apostolia Papadamaki)
Re.al (João Fiadeiro) VID
Real dance Super Sentai (Ines Birkhan & Bertram Dhellemmes)
cie Rosalind Crisp
VID
Rosas (A. T. de Keersmaeker) DVD
RoseAnne Spradlin Dance
Sinequanon VID
Sol Picó
Superamas VID
cie Thor (Thierry Smits) VID
cie Toufik OI VID
Troubleyn
(Jan Fabre)
Ultima vez (Wim Vandekeybus) DVD VID
United-C (M. van der Put / P. Roelants) VID
Virginie Brunelle

Viviana Moin
XLproduction (Maria Clara Villa-Lobos) VID
Yasmeen Godder VID
Yves-Noël Genod

VID